I: Conférence à la paroisse La Présentation-de-la-Vierge de Dorval (QC) 15 mai 2012 (Éducation de la foi des adultes: cette conférence fut accompagnée d'un diaporama sur les différents thèmes chosis).
Marie, Étoile de la Nouvelle Évangélisation
L’objectif général de cette présentation consiste à découvrir comment et pourquoi la fête liturgique de La Présentation-de-la-Vierge-au-Temple, patronne de notre paroisse, favorise une compréhension plus profonde de la mission ‘personnelle’ et ‘ecclésiale’ de Marie. Constamment présente à l’évolution de la vie de l’Église: des origines à nos jours, Marie permet l’ouverture de voies nouvelles, désormais centrées sur la question du rôle des femmes dans la société et la vie de l’Église (Vatican II, Lumen Gentium et Gaudium et Spes).
Cette présentation revisite son rôle particuiier aux fondements même du ministère ordonné. Conséquemment il s’agit de revisiter les « éléments essentiels » qui ont conduit la « théologie classique » vers les ministères institués. En ce lieu-source, la mission personnelle et ecclésial de Marie ouvre de nouveaux horizons et nous conduit vers les « acquis » du Concile Vatican II: la question du rôle des femmes et plus spécifiquement de Marie dans la vie de l’Église et de la société pour une ouverture réelle aux divers dialogues oecuménique et inter-religieux.
Les objectifs particuliers sont présentés en quatre temps:
Un premier temps tente de situer l’évolution de la perception du rôle de Marie au sein de la vie de l’Église
Un deuxième temps permet de situer deux maîtres qui favorisent le renouvellement de la pensée ecclésiale sur la question des femmes et du ministère ordonné. En ce lieu, « mystique biblique et théologie » ne sauraient se dissocier (III). Ensemble, ils nous conduisent vers l’évolution de la pensée mariale chez le pape Jean-Paul II (IV).
Un troisième temps permet de découvrir les figures spirituelles féminines qui ont soutenu les mouvements de renouveau, biblique et spirituelle, aux 19e et 20e siècles.
Un quatrième temps tente de répondre aux attentes du concile Vatican II: « rechercher nos sources premières ; retrouver l’esprit des fondateurs et des fondatrices ». On y découvre alors comment la redécouverte de nos propres sources conduit au renouvellement de la pensée, autant au sein de notre société que dans la vie de
l’Église.
Le titre proposé concerne la pensée du pape Paul VI (Evangelii Nuntiandi/08-12-1975) En ce lieu, une constante peut être établie en Marie l’Étoile de la Nouvelle Évangélisation. Comme soutien à cette réflexion, les mosaïques du mur droit de la chapelle du pape Benoît XVI vous sont présentées Il s’agit de la Chapelle oecuménique Redemptoris Mater, créée à la demande du pape Jean-Paul II, suite aux dons reçus des cardinaux à l’occasion de son 50e anniversaire d’ordination sacerdotale. Au moment de l’Ascension du Seigneur, Marie est située « à la place du Christ ressuscité », et préside la prière apostolique. Cette thématique correspond à l’intention de prières du pape Benoît XVI pour le mois de mai 2012: Marie, Étoile de l’Évangélisation, Marie, Reine du Monde.
I: Marie au sein de la vie de l'Église et le Concile Vatican 2
Cette première partie permet de découvrir l’importance du rôle de Marie au Concile Vatican 2. Il permet aussi de découvrir comment les diverses commissions l’ont interprété? Comment le Concile l’a interprété autant au sein du dialogue oecumémique qu’au sein des religions non-chrétiennes (juive et musulmane). Ces thématiques vous sont présentés au no. 2 du document remis.
1) Dans un premier temps, la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, présente le rôle de « la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Église » au dernier chapitre, le chapitre 8. Tout en soutenant l’Unique Médiation du Christ (2 Tm 5-6), la constitution présente la médiation d’intercession de Marie: « le rôle de Marie envers les personnes, dit le Concile, ne voile et ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ, mais elle en montre l’efficacité ». Il s’agit d’une « médiation dans le Christ» (cf. ch. 8, no 60).
2) Cette pensée sera réitérée dans le décret sur l’oecuménisme (Unitatis Redintegro): (21-11-1964). Puisant à la tradition liturgique et spirituelle des Églises d’Orient, le décret présente le rôle particulier de Marie, sous la dimension trinitaire du drame du salut. Le concile fait alors appel au prologue de l’évangile johannique, le prologue de l’évangile de Jean: « Le Verbe (Logos) s’est fait chair et il a habité parmi nous ». (Jn 1, 14). Cela signifie que l’accent est davantage orienté vers la divinité du Christ. Dans cet esprit, on retient les titres attribués à Marie lors du concile oecuménique d’Éphèse: « Marie la Toute-Sainte », « Marie, Mère de Dieu, la Theotokos ». Comme point d’appui, la réflexion théologique présente le CREDO des Conciles de NICÉE- CONSTANTINOPLE (325. 381): « Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, Lumière venue de la Lumière, vrai Dieu venu du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père ; par lui tout a été fait. Pour nous et pour notre salut il descendit des cieux ; par le Saint Esprit il a pris chair de la vierge Marie et il s’est fait homme.
3) Le Décret sur les Églises orientales (Orientalum Ecclesiarum): (21-11-1964) reprend sensiblement cette perception: « Tous les chrétiens et les chrétiennes, «orientaux ou occidentaux, sont invités à « prier par l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu afin que tous et toutes soyons un. À cette fin, ils demandent qu’ensemble nous demandions la descente de l’Esprit, le Paraclet, promis par Jésus (Jn 14, 25). Dans ce verset, il est possible de remarquer que Jésus-de-Nazareth fait appel « en même temps » à la nouveauté et à la continuité: « le Paraclet, dit Jésus, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit (Jn 14, 25; cf. Jn 2, 22/le Temple construit en 46 ans). ). Et le décret ajoute, « afin que le Paraclet nous conduise vers l’Unité des Églises chrétiennes » (c. conclusion, no 30). Cela signifie que Jésus ne vient pas seul, mais sous la dimension trinitaire du drame du salut. Cette dimension trinitaire sera constante dans cette présentation.
4) Ouverture aux religions non chrétiennes , Déclaration Nostra Aetate, nos 3 et 4:
• 4.1) Dès lors, nous pouvons faire un pas de plus et découvrir l’importance du rôle de Marie, non seulement au sein du christianisme mais aussi dans les religions non-chrétiennes. À cet égard, la religion musulmane, religion fondée en 610 après le christianisme s’y réfère. « Marie y est vénérée et aussi parfois priée». Dans le Coran, Marie est la seule femme à qui une sourate est consacrée, la Sourate 19 (ensemble de versets). « Du fils de Marie et de sa Mère, est-il dit, nous avons fait un Signe » (Sourate XXIII, 50 cf. XXI, 81). À cette fin, je vous présente deux photos. La première fait référence au volume relatant la découverte de la Maison de Marie en Grèce, le 28-07-1891. Elle fut découverte par 2 prêtres et 1 laic catholiques, 2 grecs et 1 musulman. Nous retrouvons cette maison à Kusadasi, diocèse de Smyrne. La maison Panaghia-Capouli, la Toute-Sainte est un lieu vénéré aussi bien par la religion chrétienne que par la religion musulmane. La Tunisie établit la fête de l’Annonciation comme jour férié. Pour nous de l’Église catholique romaine, cette Maison est visitée par les papes depuis 1931, année du 1500e anniversaire du Concile d’Éphèse. À l’occasion de cette anniversaire, le futur pape Jean XXIII, Mgr Angelo Rocalli fut le premier à s’y rendre, le 25-06-1931. À sa suite les papes Paul VI (26-07-1967), Jean-Paul II (30-11-1979) et Benoît XVI ( 29 -11-2006) la visitaient. Du point de vue historique, cette Maison fut découverte, suite aux visions de la mystique Anne-Catherine d’Emmerich béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 3 octobre 2004.
• 4.2) Pour ce qui concerne le dialogue inter-religieux, la Déclaration Nostra Aetate présente nos origines sémites, origines chères au pape Jean-Paul II : « l’Église, écrit le Concile Vatican 2, a toujours devant les yeux les paroles de l’apôtre Paul sur « ceux de sa race « à qui appartiennent l’adoption filiale et de qui est né, selon la chair, le Christ » (Rm 9, 4-5), le fils de la Vierge Marie. Il rappelle « que les apôtres, fondements et colonnes de l’Église, sont nés du peuple juif, ainsi qu’un grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l’Évangile du Christ. De là découle l’engagement « au respect et à l’estime » entre nos deux cultures religieuses. C’est pourquoi, est-il dit: « le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. ». On ajoute, que malgré le fait que Jésus fut tué par des autorités juives, « ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps » ( p. 552). Ceci est important à retenir lorsque nous méditons les récits de la Passion du Seigneur. Nous vivons dans un contexte multiculturel. L’étude de la Déclaration Inter Insigniores par Monseigneur Joseph Ratzinger, devenu en 2005, S.S. Benoît XVI, stipule ce qui suit: « en un certain sens, on ne peut que devenir juif si l’on devient chrétien, ces éléments... à savoir le pain et le vin doivent être respectés » (le sacerdoce de l’homme porte-t-il atteinte aux droits de la femme? et la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, Osservatore Romano, 19-04-1977. (le pape Benoît XVI fut élu en ce jour anniversaire, le 19-04-2005)
5) Constitution pastorale sur l’Église (Gaudium et Spes): la dignité de toute personne humaine
Dès lors, nous pouvons saisir pourquoi la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps (Gaudium et Spes) atteste l’égalité essentielle de toute personne humaine et déplore toute forme de discrimination: « Tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu, ont une même nature et une même origine; tous (...) jouissent d’une même vocation et d’une même destinée divine ». À cet effet, « toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit sociale ou culturelle, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale ou la religion, doit être dépassée et éliminée comme contraire au dessein de Dieu. (cf Ga 3, 28-29). Il est affligeant, dit-on, de constater que ces droits fondamentaux de la personne ne sont pas encore partout garantis. On y ajoute qu’il en est ainsi lorsque la femme est frustrée de la faculté de choisir librement son époux ou d’élire son état de vie, ou d’accéder à une éducation et une culture semblables à celles que l’on reconnaît à l’homme » (G.S. no. 29, a.1.2.). Selon Vatican 2, « Dieu n’a pas créé l’homme solitaire: dès l’origine, « Il les créa homme et femme » (Gn 1,27). Cette société de l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des personnes. Car l’être humain, de par sa nature profonde, est un être social, et sans relations avec autrui, il ne peut ni vivre ni épanouir ses qualités » (chap. 1, 12). Rappelant les aspirations de plus en plus universelles des êtres humains, le concile rappelle « que les femmes, là où elles ne l’ont pas encore obtenue, réclament la parité de droit et de fait avec les hommes (9. 2). De là, les grandes questions actuelles et l’engagement d’Assise d’octobre 2011. 25 ans après la première rencontre interreligieuse (J.P. II/octobre 1986), 300 dignitaires religieux de toutes confessions et spiritualités venus de plus de 50 pays, présentaient leur engagement envers la pleine reconnaissance de l’égalité homme et femme. À cet égard, si le pape Benoît XVI craignait le magma du syncrétisme religieux, il a finalement admis que lorsque les religions gardent leur identité propre et se respectent entre elles, le dialogue entre elles est non seulement possible mais nécessaire, car il oeuvre au service de l'humanité. Lors de la rencontre d’Assise si les différents groupes religieux furent présents ensemble au début et lors de la présentation de leurs résolutions, il est aussi essentiel de retenir que chaque groupes particuliers furent invités à discuter dans une salle réservée à chacun des groupes présents.
6) Décret sur l’apostolat des laics Apostolicam Actuositatem (no. 9)
Toutefois, et cela est fondamental pour le travail des théologiens et de théologiennes de situer les citations, car Vatican 2 n’allait pas jusqu’à l’ordination dans les ministères: Voici cet extrait qui provient du décret sur l’Apostolat des laïcs: « comme de nos jours les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église ».
De là, l’avancé d’Assise 2011, car il s’agit d’un engagement formel au sein des religions. Bien que dans un premier temps, la question fut posée en 1973 par les femmes lors du premier Conseil Pontifical romain sur la Femme dans la société et la vie de l’Église, elle provient aussi du synode romain sur le ministère sacerdotal et la justice dans le monde (1971). La Conférence des évêques du Canada fut particulièrement éloquente sur cette question (cardinal Falhiff), suite à leurs rencontres avec les femmes engagées de notre pays. Au sein de l’oecuménisme, l’ordination des femmes dans l’Église anglicane débutait à Québec en 1975. L’automne dernier, l’une de mes ex-voisines anglicanes fut ordonnée prêtre à Ottawa. Dès lors, il est important de retenir que l’engagement oecuménique du concile Vatican 2 est irréversible.
7: Consigne du concile Vatican 2, en Introduction d’Inter Insigniores:
En 1976, cette consigne du Concile Vatican 2 fut citée en introduction de la Déclaration Inter Insigniores, déclaration qui concerne la question de l’admission des femmes au ministère sacerdotal : « Cette consigne du concile Vatican 2, est-il dit, a déjà provoqué tout une évolution qui est en cours: diverses expériences ont, bien entendu, besoin de mûrir. Mais, remarquait encore le Pape Paul VI, très nombreuses déjà sont les communautés chrétiennes qui bénéficient de l’engagement apostolique des femmes. Certaines de ce femmes sont appelées à participer aux instances de réflexion pastorale, soit au niveau des diocèses, soit à l’échelon des paroisses; le Siège Apostolique a fait prendre place à des femmes dans certains de ses organismes de travail ». Nous en découvrons maintenant les fruits, les femmes sont présentes depuis ce temps comme animatrices de pastorales, agentes de pastorale ou autres titres connexes dans les écoles, les hôpitaux, l’engagement social, les droits humains et autres....
II. Mystique biblique et théologie, comme soutien aux réformes conciliaires
1. Marie et les missions féminines
Cette thématique permet de saisir comment la mystique et la théologie sont indissociables des « transformations » qu’elles appellent. Tel que souligné précédemment la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel est officiellement posée par l’Église dans une Déclaration du Magistère de l’Église, de la Doctrine de la Foi. La Déclaration Inter Insigniores fut présentée en la fête liturgique de sainte Thérèse d’Avila, le 16 octobre 1976. Cependant dès l’introduction, le Magistère de l’Église énonce les raisons fondamentales qui empêchent de la considérer comme possible dans l’immédiateté de la question posée. Les raisons évoquées sont le manque de recherches théologiques: « comme il s’agit d’un débat sur lequel la théologie classique ne s’est guère attardée, l’argumentation actuelle risque de négliger des éléments essentiels » (a. 5) « Dans la conjoncture actuelle, est-il mentionné, nous demandons l’approfondissement de la mission respective de l’homme et de la femme ». Tout en évoquant le manque de recherches en théologie classique, qui a déjà été étudié en 1962 par un jésuite allemand, le père Haye van der Meer, on demande aux chrétiennes et aux chrétiens de réfléchir sur la question: « l’Église souhaite [alors] que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission: leur rôle sera capital aujourd’hui, aussi bien pour le renouvellement et l’humanisation de la société que pour la redécouverte, parmi les croyants [et les croyantes], du vrai visage de l’Église »10
2) Pour ma part, interpellée spirituellement par le renouveau doctrinal, je désirais comprendre pourquoi la tradition de l’Église semblait a priori rejetée cette question. C’est ainsi que suite à mon mémoire de maîtrise en théologie à l’Université de Montréal, consacré à la spiritualité sacerdotale mariale chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, j’approfondirai la pensée de l’École bérullienne et de ses fondateurs au 17e siècle français. Ces fondateurs établissent tous un lien fondamental entre Marie et le sacerdoce ministériel. Après avoir situé Marie dans l’ensemble de la liturgie, celui-ci demandait des « ministres du Seigneur » (VD 56) « de l’un et de l’autre sexe» (VD 114). Cependant, lors de transformations ecclésiales, si l’histoire peut clarifier une question, la soutenir, celle-ci n’est pas le fondement d’une question contemporaine. La « question actuelle » est la seule fondatrice. C’est pourquoi, je recherchai un auteur contemporain qui avait étudié la question. La vocation provenant d’un appel de Dieu à une personne particulière, il s’agissait tout simplement de comprendre les critères de discernement. C’est alors que je découvrais la pensée du théologien Hans Urs von Balthasar. Auteur autorisé par l’Église, von Balthasar avait publié un article sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel sous la thématique de la « tradition ininterrompue », et ce dans le journal du du Vatican, l’Osservatore Romano. 7 experts avaient étudié la question. Parmi eux, Monseigneur Joseph Ratzinger (S.S.Benoît XVI) qui soulignait l’importance d’une étude qui tenait compte du féminin et du masculin. Cependant en 1977, tel que l’affirmait von Balthasar « l’Église n’en était qu’à ses premiers balbutiements ». Contemporain du Concile Vatican 2, celui-ci soutenait la perception mariale de la Constitution sur l’Église, la Constitution Lumen Gentium. Chez lui, le « oui » de Marie à la mission confiée par son Fils en Jn 19, 26-30 constituait le fondement même de l’Église du Christ. Et ce sera sous la dimension trinitaire du salut en Jésus-Christ que le « fiat de Marie au Dieu, un et trine » fut proposé. Aussi-t-il faut-il savoir qu’en philosophie, le fiat a un sens plus exact que la bonne foi (fides). Chez les Stoïciens, la bonne foi signifie: « que soit fait (fiat) ce qui a été dit » (les Stoïciens: Cicéron et le traité des devoirs 1, VII-20). Et Dieu se révèle en tout temps de l’histoire humaine.11
2. Marie, la « femme eucharistique » chez S.S. Jean-Paul II : « lettres du pape Jean-Paul II à l’occasion du Jeudi-Saint »
L’an dernier, on me demandait de publier un article sur Marie dans l’oeuvre du pape Jean-Paul II. Je m’intéressai plus spécifiquement à Marie, la « femme eucharistique », tel que proposé dans sa Lettre encyclique l’Église et l’Eucharistie, chap. 6 (17-04-2003). Ce thème revenait au Congrès international eucharistique de Québec (2008). Intéressée depuis la maîtrise à la spiritualité sacerdotale des fondateurs de communautés religieuses, mon analyse est une étude (1) des Lettres adressées aux prêtres à l’occasion du Jeudi-Saint par le pape Jean-Paul II (1979-2005). À l’instar des co-auteurs mentionnés précédemment et à la suite des papes qui l’ont précédé, le pape Jean-Paul II établit un lien fondamental entre Marie et le sacerdoce ministériel (2):
« Nous tous, dit-il, recevons le même pouvoir par l’ordination sacerdotale, en un certain sens nous avons les premiers, le droit de voir en elle notre Mère afin que vous retrouviez en Marie, la Mère du sacerdoce que nous avons reçu du Christ » (L. 1979, a. 11).
Tel von Balthasar, le pape Jean-Paul II contemple le mystère du Christ dans sa totalité. Aussi questionne-t-il ce qu’il considère comme « l’apparente absence » de Marie à la Cène du Seigneur (3).
« Il ne nous est pas dit, écrit-il, si ta Mère se trouvait au Cénacle du Jeudi Saint. Toutefois, nous te prions par son intercession. Qu’est-ce qui peut lui être plus cher, dit-il, que le Corps et le Sang de son Fils confiés aux apôtres dans le mystère eucharistique, le Corps et le Sang que nos ‘mains sacerdotales’ (École bérullienne au 17e siècle) offrent sans cesse en sacrifice pour ‘la vie du monde’ (Jn 6, 51/L. 1982, no 10).
Cette gestuelle n’est pas sans rappeler la spiritualité de l’École bérullienne, lieu où les prêtres présentaient leur offrande en union avec Marie. « Par les mains de Marie », telle sera leur pensée fondamental (Montfort).14
Dans cette vision d’ensemble, nous pouvons comprendre pourquoi le pape Jean-Paul II ne saurait dissocier la Cène et Gethsémani. Chez lui, la Cène et Gethsémani constitue le centre du sacerdoce ministériel vécu dans la prière et par la prière (Luc, 22, 19). « Dans le « mémorial » du Calvaire est présent, dit- il, tout ce que le Christ a accompli dans sa passion et dans sa mort. C’est pourquoi ce que le Christ a accompli envers sa Mère ( Jn 19, 25-30), il l’accomplit aussi en notre faveur ». Dès lors,, il fixe cet impératif:
« Il faut que chacun de nous l’accueille chez lui comme l’apôtre Jean l’accueillit sur le Golgotha, c’est-à-dire que chacun de nous permette à Marie de prendre demeure ‘dans la maison’ de son sacerdoce sacramentel, comme mère et médiatrice de ce ‘grand mystère’ (cf. Ep. 5, 32) que nous tous désirons servir par notre vie » (L. 1987, a. 13). « Il lui a en effet confié le disciple bien-aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous : « Voici ton fils ! ».
De même, dit-il aussi à chacun de nous : « Voici ta mère ! » (cf. Jn 19,26-27) » (Ecclesia de Eucharistia, chap. 6, a. 570). Vivre dans l’Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose alors de recevoir continuellement ce don: « prendre chez nous - à l’exemple de Jean - celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère en nous engageant à nous « conformer au Christ », en nous mettant à l’école de sa Mère et en nous laissant accompagner par elle. Marie est présente avec l’Église et, comme Mère de l’Église, elle est présente en chacune de nos Célébrations eucharistiques, dit-il. Pour le pape Jean- Paul II, on ne saurait dissocier l’Église de l’Eucharistie.
3. L'Année mariale et la lettre encyclique Redemptoris Mater
Pour ce qui concerne la lettre encyclique Redemptoris Mater, nous pouvons retenir que celle-ci fut publiée pendant l’Année mariale, le 25 mars 1987, en la fête de l’Annonciation du Seigneur à Marie (07-06-1987/15-08-1988). Elle est fondalement biblique. Cependant, le pape Jean-Paul II fait un pas de plus que ses prédécesseurs. En ce lieu tradition et nouveauté s’éclairent réciproquement. À la suite de saint Augustin et du pape Paul VI, si Marie est présentée comme première disciple, elle est la première disciple dans l’appel et la mission.
Dès lors, l’Année mariale, devient une année charnière pour l’intégration des femmes au sein de la vie de l’Église. De là, l’importance à accorder au symposium romain tenue du 27-29 septembre 1985, sur la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr. Tel que l’affirmait alors, le théologien Marc Ouellet: « si l’on en juge par le retentissement de la vision trinitaire de la théologie de Hans Urs von Balthasar, on peut conclure qu’elle constitue le fruit le plus précieux de la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr » (symposium, 170). Il en fut ainsi de la conclusion de son analyse de la Déclaration Inter Insigniores: « Tout membre qui exerce une fonction dans l’Église, dit-il, doit apprendre à exercer et à mieux vivre le « oui » que Marie a adressé au Dieu, un et trine » (tradition ininterrompue).
Dans ce contexte, il devient possible de comprendre la pensée récente du pape Benoît XVI présentée à la Commission pontificale biblique: « la parole de l’Écriture, dit-il, n’est pas un dépôt inerte à l’intérieur de l’Église, mais une règle suprême de sa foi et puissance de vie ». Ellle est Parole « de Dieu », donc toujours vivante et interpellante. En tout temps de l’histoire de l’humanité, il y a place à la nouveauté! Ceci étant dit, nous pouvons découvrir comment la femme fut présente lors des grands mouvements de transformations.
III. Les grandes inspiratrices des mouvements de renouveau: Sainte Cécile et sainte Marie-Madeleine dans l'histoire et l'archéologie biblique
Dans le cadre de cette intégration des femmes au sein de la vie de l’Église chez nos prédécesseurs, j’aimerais vous présenter deux femmes très importantes, car celles-ci ont inspiré la recherche biblique et archéologique. Il s’agit de sainte Cécile et sainte Marie-Madeleine qui, au 19e siècle, soutenaient l’espérance et les transformations de deux érudits, le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem et Dom Prosper Guéranger, l’initiateur de la réforme bénédictine féminine et masculine.
3.1: La réforme du père Guéranger (1805-1875). Cette recherche provient de la redécouverte du corps de sainte Cécile et de la collaboration de l’archéologue Jean-Baptiste Rossi (1822-1894). Ensemble, ils présenteront l’histoire chrétienne de Rome aux deux premiers siècles (1849). Dom Guéranger la reprit en spécifiant le rôle essentiel de sainte Cécile au sein de la chrétienté: Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles. La découverte du cimetière (catacombe) de Callixte, de la crypte des papes et du tombeau de sainte Cécile donnait entrée « aux sources » de l’Église chrétienne: des débuts de l’ère chrétienne jusqu’à Constantin au 4e siècle (313). En ce lieu, on y découvrait le corps intact de la sainte et les « motifs » de son martyr, sa « foi au Dieu trinitaire, le Dieu des chrétiens et des chrétiennes ». Nous retrouvons une copie de la sculpture de sainte Cécile près de la crypte des papes dans la catacombe Saint- Callixte, lieu de la première découverte, par le pape Pascal en 822 (avec saint Tiburce et saint Valérien). La sculpture originale est placée sous l’autel dans l’église Sancta Cecilia du Trastevere Elle fut sculptée par l’artiste Stefano Maderno. Elle représente la sainte dans la position où elle fut trouvée en 1599 lors de la rénovation de l’église. Trois doigts confessent sa foi en la Trinité divine. En 499, un concile romain reconnaissait sainte Cécile comme « fondatrice d’une église au IIe siècle » (Mansi, 499). Plus près de nous, la basilique-cathédrale du diocèse de Valleyfield possède une sculpture sous le maître-autel.17
3.2: Marie-Madeleine chez le père Marie-Joseph Lagrange
Pour ce qui concerne le « fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem », nous pouvons noter que le père Marie-Joseph Garrigou-Lagrange fut ordonné prêtre dans la basilique où l’on vénère sainte Marie- Madeleine (Saint-Maximin la Sainte Baume).
3.2.1: La spiritualité. Le père Lagrange affirme avoir reçu sa vocation de la sainte, en la fête liturgique de sainte Marie-Madeleine et c’est aussi à elle en communion avec d’autres saints qu’il confie ses fondations. Dans son récit vocationnel, le père Lagrange souligne l’importance de sainte Marie-Madeleine. Le jour de la saint Madeleine (22 juillet), il écrivait à un ami « Il me vient des idées de religiosité ». Le 15 août suivant, il confiait à son confesseur, « je veux devenir prêtre ». (46). Le 8 septembre, il était à saint Maximin, le soir à la Sainte Baume. Il manifeste alors sa crainte d’entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs. Cependant, dit-il, Ste Marie-Madeleine l’encourageait doucement (48). Plus tard, appelé à choisir entre Rome et Jérusalem, celui-ci choisit de demeurer à Jérusalem. En ce lieu, entre 1890 et 1900, il fondait l’École biblique et archéologique de Jérusalem (1890), la Revue biblique (en 1892) et la collection des «Études bibliques » (1900). Son Journal spirituel, du 5 juin 1891, décrit l’inscription de l’École biblique, composé par le père Lagrange pour la pose de la « première pierre »: que « l’École se trouve placée sous le patronage du Sacré-Coeur, de la Vierge Marie, des saints (Étienne, Marie-Madeleine, Benoît). » On y déposait alors dans la pierre, les médailles des saints et saintes nommées.18
3.2.2: Les recherches biblique et les fondations du père Lagrange. Malheureusement, pour ce qui concerne la méthodologie déployée dans ses recherches bibliques, soit la méthode historico-critique, celui-ci ne verra pas leur autorisation de son vivant. Le père Gariggou Lagrange décédait le 10 mars 1938 et sa méthode, telle que nous la connaissons aujourd’hui, ne fut acceptée qu’en 1943, 5 ans après sa mort. L’autorisation fut donnée le 30-09-1943 par le pape Pie XII dans l’encyclique Divino afflante Spiritu, publié en la fête de saint Jérôme, auteur de la Vulgate (bible latine/382-405). Cette encyclique s’adressait aux exégètes et autorisait les études bibliques. L’encyclique donnait alors mission aux exégètes de faire une interprétation théologique et morale « vraie » des Écritures par la recherche scientifique. « L’Écriture doit être considérée comme « l’âme » de la théologie, de la vie de l’Église et de chaque fidèle ». On dévoilait alors l’importance des études bibliques et des fouilles archéologiques pour l’interprétation des Écritures. À ce sujet, le père Guy Couturier, c.s.c., professeur émérite de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal écrit ceci:
« ce fut une quasi-révolution, car désormais ces « fidèles serviteurs de l’Église » devaient tenir compte de touts les découvertes archéologiques, tant matérielle qu’épigraphiques, dans leur interprétation des Saintes Écritures. À lire ce document libérateur pour le travail exégétique, on se rend vite compte que les principes élaborés par le père Lagrange et son École reçoivent ici leur pleine approbation Le rédacteur de l’encyclique était un ancien élève de l’École biblique, le père Jacques Vosté. » (« En commençant par Moïse et les prophètes...». 20).
Récemment les Autorité juives ont autorisé le Centre de recherche MAGDALA, ville où a vécu sainte Marie-Madeleine, l’Apôtre des apôtres. En ce lieu, ils construiront un Centre consacré à la Dignité internationale de la Femme. Dernièrement, en mai 2014, le pape Benoît bénissait le tabernacle du Centre oecuménique, lieu de rencontres, de prières et de recherche sur la femme dans l'Église et dans la société.
4. La Présentation-de-la-Vierge-au-Temple dans la foi et la culture
Dès lors, s’il devient essentiel d’unifier foi et science, il est aussi intéressant d’unifier la foi et la culture. Dans ce parcours historique, entre la foi, l’histoire et la théologie, il est intéressant de revenir à la spiritualité qui a marqué notre univers montréalais, car cette perception influence toujours la vie de l’Église et notre vie en société
4.1: La spiritualité du fondateur du séminaire de S.-Sulpice et ses fondements en la fête liturgique de la Présentation-de-la Vierge au Temple permet de comprendre l’importance du rôle de Marie, cette Étoile de l’Évangélisation. Afin de « retrouver l’esprit des fondateurs », tel que demandé par Vatican 2, je vous présente cet extrait de la spiritualité sacerdotale mariale du fondateur du séminaire de S. Sullpice, M. Jean-Jacques Olier:
« En donnant la Très-Sainte-Vierge pour fondatrice et première patronne du séminaire de Saint-Sulpice, Jean-Jacques Olier choisit comme fête principale de la maison, celle de sa Présentation au Temple, à cause des rapports que son grand esprit de foi lui montrait entre la consécration de Marie à Dieu et celle que les Ecclésiastiques font d’eux-mêmes en entrant dans l’état clérical. » (Vie intérieure de la Très Sainte Vierge, ouvrage recueilli des écrits de M. Olier, fondateur de la Congrégation des prêtres de S. Sulpice).
Dans ce temps particulier de l’histoire de l’Église, la fête de La Présentation de la Vierge est aussi le jour du renouvellement de leurs engagements sacerdotal (cf. à mon mémoire de maîtrise, Un. Montréal, 1990). Reconnue par l’Église, présence du Nonce apostolique, les prêtres renouvelaient leurs engagements sacerdotaux en ce jour. En 1906, l’artiste Joseph St-Charles créait le tableau que nous retrouvons dans la Chapelle du Grand Séminaire. Plus près de nous, à Montréal, l’obélisque de la cour arrière du musée de Pointe-à-Callières commémore toujours la présence du fondateur de Villemarie. On y rappelle les paroles de M. Jean-Jacques Olier:
« Ce projet de Montréal pourra, un temps à venir,
devenir une grande gloire de l’Église et une grande utilité à ce Royaume ».
À cet égard, comme beaucoup de membres de l’Ecole Française de spiritualité, le fondateur des Messieurs de St-Sulpice, M. Jean-Jacques OLIER (1607-1658), avait une dévotion intense envers la Vierge Marie. Aussi, souhaitait-il, que les membres de la Compagnie de Saint Sulpice aient à cœur de célébrer la fête de la Présentation de Marie au Temple comme leur fête patronale. Cette fête fut fixée au 21 novembre. Le père Olier tenait fermement à ce que sa nouvelle communauté dévouée à la formation des prêtres, mieux connue sous le nom de sulpiciens, puisse être mise sous la protection de la Vierge Marie. Cette spiritualité sacerdotale mariale est toujours vénérée, plus particulièrement au Grand Séminaire de Montréal. La chapelle représente la spiritualité du fondateur.
Le concile Vatican 2 s’inscrit dans cette pensée. En la fête liturgique de La Présentation-de-la-Vierge, les Constitutions et les décrets suivants sur l’Église furent signés: la Constitution dogmatique Lumen Gentium, lieu où l’on présente la « médiation d’intercession » de Marie, similaire chez Vanhoye à la « médiation d’intercession» du prêtre. C’est aussi jour de la signature des décrets sur l’oecuménisme (Unitatis redintegratio), sur les églises orientales (Orientalium Ecclesiarum). Ce jour marquait aussi la fin de la 3e session du concile, le 21-11-1964. (jour même du baptême de mon deuxième fils).
4.2: La Présentation-de-la-Vierge-Marie, aux origines de notre cité, un appel à la reconnaissance d'une femme Mlle Agathe De St-Perre
Dans cette quête d’unification entre la foi et la culture, il semble important de revenir vers l’orientation du Concile Vatican II, plus spécifiquement dans la Constitution pastorale de l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes pour la reconnaissance pleine et entière de la dignité fondamentale de toute personne humaine. À cet égard, j’aimerais toutefois m’arrêter quelques instants, non plus sur une découverte archéologique mais sur une découverte historique. Il s’agit ici du rôle particulier d’une femme dans les fondements de notre cité. Celle-ci devrait sous peu, être intégrée dans les Armoiries de notre Cité (elle le fut en novembre 2013). Je cite cette situation particulière, car elle reflète l’esprit d’un temps particulier de l’histoire et qui, depuis le Concile Vatican 2, devient invitation à « retrouver nos origines ». Tout comme les réformateurs cités précédemment, il peut être aussi intéressants de découvrir aux fondements même d'une cité, le rôle particulier d’une femme qui fut «propriétaire du domaine de la présentation au 17e siècle ». Cette femme Agathe de St-Perre devint « propriétaire du domaine de la présentation », suite à l’Acte d’échanges entre elle et les Messieurs de Saint-Sulpice de Paris alors propriétaire de cette première mission de la présentation de la Vierge (1668/ 07-09-1685). L’ Acte d’échanges devenait nécessaire suite à l’expropriation du terrain, « terreau », de son père Jean, premier greffier de Villemarie. Lors de la finalisation du contrat, le père Jean est décédé, tout comme la mère Mathurine Godé et son frère Claude; Agathe devenait alors l’unique propriétaire. L’Acte d’échanges fut signé avant son mariage avec Pierre Le Gardeur De Repentigny (de là, le correctif demandé). Ce terrain (terreau) se situait au lieu où fut érigé l’église dédiée à Notre-Dame, près du séminaire de Saint-Sulpice. De là, l’Acte d’échanges entre les Sulpiciens de Paris et Agathe de St-Perre, première manufacturière de Villemarie. En 1800, cette église fut agrandie et devint l’actuelle basilique Notre-Dame. Agathe fut propriétaire du domaine de la présentation, soit de l'entièreté de la ville de Dorval du 07-09-1685 jusqu’à sa vente à Jean-Baptiste Dorval, le 29-01-1695. Pour ce qui concerne l’histoire, vous retrouverez les noms de Mathurine et de Nicolas Godé, mère et grand-père d’Agathe de St-Perre sur l’obélisque de Pointe-à-Callières en compagnie de M. Jean-Jacques Olier, fondateur du Séminaire des prêtres de Saint-Sulpice. Dès lors, il est bon de rappeler que l’histoire de Montréal fut avant tout une épopée mystique, une histoire de foi. Villemarie en devint le témoin incontestable.
C'est pourquoi, en terminant cette présentation je vous présente dans ce diaporama la mosaïque de la Chapelle oecuménique Redemptoris Mater. En ce lieu, il ne s’agit plus uniquement de reconnaître uniquement « la foi personnelle de Marie » à l’Annonciation. Il s’agit de refléter le « oui de Marie », par la reconnaissance de sa mission ecclésiale. De l’Ascension à la Pentecôte, Marie, selon le père Rupnik, se tient « à la place du Christ Jésus ». La symbolique de la mosaïque murale (que je vous présente) permet de saisir le rôle fondamental de l'être-femme Marie. En décembre 2011, le prédicateur du Vatican la définissait comme suit:
Après l’Ascension, dit le père Raniero Cantalamessa, ofm., Marie est debout, les bras ouverts, dans une attitude de prières. Autour d‘elle, les apôtres, tous levant un pied ou une main, autrement dit en mouvement, représentent l’Église active qui va en mission, qui parle et agit. Marie est immobile, au- dessous de Jésus, à l’endroit même où il est monté au Ciel, comme pour entretenir ‘ son souvenir ‘ et l’attente de son retour ».
En 2012, le pape Benoît XVI définissait ainsi son rôle fondamentalement sacerdotal:
À la Vierge Marie, présente dans la Communauté apostolique réunie en prière dans l’attente de l’Esprit- Saint, nous confions, dit-il, votre nouveau service ecclésial (19-02-2012).
À la suite du pape Paul VI, le pape Benoît XVI corroborait ainsi la présidence ministérielle de Marie:
Au matin de la Pentecôte, Marie a présidé dans la prière au début de l’évangélisation sous l’Action de l’Esprit- Saint: qu’elle soit l’Étoile de l’évangélisation toujours renouvelée que l’Église, docile au mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir surtout en ces temps à la fois difficiles et pleins d’espoir !» (Évangelii Nuntiandi, l’évangélisation dans le monde moderne).
Renovée à la demande du pape Jean-Paul II, à la suite de l'Année mariale, cette chapelle privée se situe près du bureau du Saint Père. Le pape Jean- Paul II désirait que les mosaïques murales puissent parler au monde contemporain. De là, la modernité des murales et la symbolique démontrant le véritable rôle de l’être-femme Marie, première disciple du Seigneur dans l’Appel et la mission (Lettre encyclique Redemptoris Mater, 1987, pp 42-43), qui de la spiritualité des fondateurs de communautés sacerdotales offre le lieu véritable du renouveau attendu par le Concile Vatican 2. En ce lieu, les dirigeants de diverses Églises chrétiennes viennent y prier, célébrer les Vêpres mariales et chanter ensemble le CHANT DE MARIE, LE MAGNIFICAT, chant qui provient de la première Alliance ( Lc 1, 46-56; l S 2, 1-10):
40 En ces jours-là Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne,en une ville de Juda.
41 Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth.
42 Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit.
43 Et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni.
44 Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?
45 Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a
46 cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! »
47 Et Marie dit : « Mon âme glorifie le Seigneur,
48 et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur,
49 parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Voici, en effet, que désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
50 parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Et son nom est saint,
51 et sa miséricorde d’âge en âge, est pour ceux qui le craignent.
52 Il a fait œuvre de force avec son bras ; il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ;
53 il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles ;
54 il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides. 24
55 Il a pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde,
56 — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours. » Et Marie demeura avec elle environ trois mois, et elle 57 s’en retourna chez elle.
58 Cependant le temps s’accomplit où Elisabeth devait enfanter, et elle mit au monde un fils.
Margo Gravel-Provencher, théologienne et paroissienne 15-05-2012
[email protected]
cf. http://www.interinsigniores.ca
Marie, Étoile de la Nouvelle Évangélisation
L’objectif général de cette présentation consiste à découvrir comment et pourquoi la fête liturgique de La Présentation-de-la-Vierge-au-Temple, patronne de notre paroisse, favorise une compréhension plus profonde de la mission ‘personnelle’ et ‘ecclésiale’ de Marie. Constamment présente à l’évolution de la vie de l’Église: des origines à nos jours, Marie permet l’ouverture de voies nouvelles, désormais centrées sur la question du rôle des femmes dans la société et la vie de l’Église (Vatican II, Lumen Gentium et Gaudium et Spes).
Cette présentation revisite son rôle particuiier aux fondements même du ministère ordonné. Conséquemment il s’agit de revisiter les « éléments essentiels » qui ont conduit la « théologie classique » vers les ministères institués. En ce lieu-source, la mission personnelle et ecclésial de Marie ouvre de nouveaux horizons et nous conduit vers les « acquis » du Concile Vatican II: la question du rôle des femmes et plus spécifiquement de Marie dans la vie de l’Église et de la société pour une ouverture réelle aux divers dialogues oecuménique et inter-religieux.
Les objectifs particuliers sont présentés en quatre temps:
Un premier temps tente de situer l’évolution de la perception du rôle de Marie au sein de la vie de l’Église
Un deuxième temps permet de situer deux maîtres qui favorisent le renouvellement de la pensée ecclésiale sur la question des femmes et du ministère ordonné. En ce lieu, « mystique biblique et théologie » ne sauraient se dissocier (III). Ensemble, ils nous conduisent vers l’évolution de la pensée mariale chez le pape Jean-Paul II (IV).
Un troisième temps permet de découvrir les figures spirituelles féminines qui ont soutenu les mouvements de renouveau, biblique et spirituelle, aux 19e et 20e siècles.
Un quatrième temps tente de répondre aux attentes du concile Vatican II: « rechercher nos sources premières ; retrouver l’esprit des fondateurs et des fondatrices ». On y découvre alors comment la redécouverte de nos propres sources conduit au renouvellement de la pensée, autant au sein de notre société que dans la vie de
l’Église.
Le titre proposé concerne la pensée du pape Paul VI (Evangelii Nuntiandi/08-12-1975) En ce lieu, une constante peut être établie en Marie l’Étoile de la Nouvelle Évangélisation. Comme soutien à cette réflexion, les mosaïques du mur droit de la chapelle du pape Benoît XVI vous sont présentées Il s’agit de la Chapelle oecuménique Redemptoris Mater, créée à la demande du pape Jean-Paul II, suite aux dons reçus des cardinaux à l’occasion de son 50e anniversaire d’ordination sacerdotale. Au moment de l’Ascension du Seigneur, Marie est située « à la place du Christ ressuscité », et préside la prière apostolique. Cette thématique correspond à l’intention de prières du pape Benoît XVI pour le mois de mai 2012: Marie, Étoile de l’Évangélisation, Marie, Reine du Monde.
I: Marie au sein de la vie de l'Église et le Concile Vatican 2
Cette première partie permet de découvrir l’importance du rôle de Marie au Concile Vatican 2. Il permet aussi de découvrir comment les diverses commissions l’ont interprété? Comment le Concile l’a interprété autant au sein du dialogue oecumémique qu’au sein des religions non-chrétiennes (juive et musulmane). Ces thématiques vous sont présentés au no. 2 du document remis.
1) Dans un premier temps, la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, présente le rôle de « la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Église » au dernier chapitre, le chapitre 8. Tout en soutenant l’Unique Médiation du Christ (2 Tm 5-6), la constitution présente la médiation d’intercession de Marie: « le rôle de Marie envers les personnes, dit le Concile, ne voile et ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ, mais elle en montre l’efficacité ». Il s’agit d’une « médiation dans le Christ» (cf. ch. 8, no 60).
2) Cette pensée sera réitérée dans le décret sur l’oecuménisme (Unitatis Redintegro): (21-11-1964). Puisant à la tradition liturgique et spirituelle des Églises d’Orient, le décret présente le rôle particulier de Marie, sous la dimension trinitaire du drame du salut. Le concile fait alors appel au prologue de l’évangile johannique, le prologue de l’évangile de Jean: « Le Verbe (Logos) s’est fait chair et il a habité parmi nous ». (Jn 1, 14). Cela signifie que l’accent est davantage orienté vers la divinité du Christ. Dans cet esprit, on retient les titres attribués à Marie lors du concile oecuménique d’Éphèse: « Marie la Toute-Sainte », « Marie, Mère de Dieu, la Theotokos ». Comme point d’appui, la réflexion théologique présente le CREDO des Conciles de NICÉE- CONSTANTINOPLE (325. 381): « Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, Lumière venue de la Lumière, vrai Dieu venu du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père ; par lui tout a été fait. Pour nous et pour notre salut il descendit des cieux ; par le Saint Esprit il a pris chair de la vierge Marie et il s’est fait homme.
3) Le Décret sur les Églises orientales (Orientalum Ecclesiarum): (21-11-1964) reprend sensiblement cette perception: « Tous les chrétiens et les chrétiennes, «orientaux ou occidentaux, sont invités à « prier par l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu afin que tous et toutes soyons un. À cette fin, ils demandent qu’ensemble nous demandions la descente de l’Esprit, le Paraclet, promis par Jésus (Jn 14, 25). Dans ce verset, il est possible de remarquer que Jésus-de-Nazareth fait appel « en même temps » à la nouveauté et à la continuité: « le Paraclet, dit Jésus, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit (Jn 14, 25; cf. Jn 2, 22/le Temple construit en 46 ans). ). Et le décret ajoute, « afin que le Paraclet nous conduise vers l’Unité des Églises chrétiennes » (c. conclusion, no 30). Cela signifie que Jésus ne vient pas seul, mais sous la dimension trinitaire du drame du salut. Cette dimension trinitaire sera constante dans cette présentation.
4) Ouverture aux religions non chrétiennes , Déclaration Nostra Aetate, nos 3 et 4:
• 4.1) Dès lors, nous pouvons faire un pas de plus et découvrir l’importance du rôle de Marie, non seulement au sein du christianisme mais aussi dans les religions non-chrétiennes. À cet égard, la religion musulmane, religion fondée en 610 après le christianisme s’y réfère. « Marie y est vénérée et aussi parfois priée». Dans le Coran, Marie est la seule femme à qui une sourate est consacrée, la Sourate 19 (ensemble de versets). « Du fils de Marie et de sa Mère, est-il dit, nous avons fait un Signe » (Sourate XXIII, 50 cf. XXI, 81). À cette fin, je vous présente deux photos. La première fait référence au volume relatant la découverte de la Maison de Marie en Grèce, le 28-07-1891. Elle fut découverte par 2 prêtres et 1 laic catholiques, 2 grecs et 1 musulman. Nous retrouvons cette maison à Kusadasi, diocèse de Smyrne. La maison Panaghia-Capouli, la Toute-Sainte est un lieu vénéré aussi bien par la religion chrétienne que par la religion musulmane. La Tunisie établit la fête de l’Annonciation comme jour férié. Pour nous de l’Église catholique romaine, cette Maison est visitée par les papes depuis 1931, année du 1500e anniversaire du Concile d’Éphèse. À l’occasion de cette anniversaire, le futur pape Jean XXIII, Mgr Angelo Rocalli fut le premier à s’y rendre, le 25-06-1931. À sa suite les papes Paul VI (26-07-1967), Jean-Paul II (30-11-1979) et Benoît XVI ( 29 -11-2006) la visitaient. Du point de vue historique, cette Maison fut découverte, suite aux visions de la mystique Anne-Catherine d’Emmerich béatifiée par le pape Jean-Paul II, le 3 octobre 2004.
• 4.2) Pour ce qui concerne le dialogue inter-religieux, la Déclaration Nostra Aetate présente nos origines sémites, origines chères au pape Jean-Paul II : « l’Église, écrit le Concile Vatican 2, a toujours devant les yeux les paroles de l’apôtre Paul sur « ceux de sa race « à qui appartiennent l’adoption filiale et de qui est né, selon la chair, le Christ » (Rm 9, 4-5), le fils de la Vierge Marie. Il rappelle « que les apôtres, fondements et colonnes de l’Église, sont nés du peuple juif, ainsi qu’un grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l’Évangile du Christ. De là découle l’engagement « au respect et à l’estime » entre nos deux cultures religieuses. C’est pourquoi, est-il dit: « le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. ». On ajoute, que malgré le fait que Jésus fut tué par des autorités juives, « ce qui a été commis durant sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux juifs de notre temps » ( p. 552). Ceci est important à retenir lorsque nous méditons les récits de la Passion du Seigneur. Nous vivons dans un contexte multiculturel. L’étude de la Déclaration Inter Insigniores par Monseigneur Joseph Ratzinger, devenu en 2005, S.S. Benoît XVI, stipule ce qui suit: « en un certain sens, on ne peut que devenir juif si l’on devient chrétien, ces éléments... à savoir le pain et le vin doivent être respectés » (le sacerdoce de l’homme porte-t-il atteinte aux droits de la femme? et la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, Osservatore Romano, 19-04-1977. (le pape Benoît XVI fut élu en ce jour anniversaire, le 19-04-2005)
5) Constitution pastorale sur l’Église (Gaudium et Spes): la dignité de toute personne humaine
Dès lors, nous pouvons saisir pourquoi la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps (Gaudium et Spes) atteste l’égalité essentielle de toute personne humaine et déplore toute forme de discrimination: « Tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu, ont une même nature et une même origine; tous (...) jouissent d’une même vocation et d’une même destinée divine ». À cet effet, « toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit sociale ou culturelle, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition sociale ou la religion, doit être dépassée et éliminée comme contraire au dessein de Dieu. (cf Ga 3, 28-29). Il est affligeant, dit-on, de constater que ces droits fondamentaux de la personne ne sont pas encore partout garantis. On y ajoute qu’il en est ainsi lorsque la femme est frustrée de la faculté de choisir librement son époux ou d’élire son état de vie, ou d’accéder à une éducation et une culture semblables à celles que l’on reconnaît à l’homme » (G.S. no. 29, a.1.2.). Selon Vatican 2, « Dieu n’a pas créé l’homme solitaire: dès l’origine, « Il les créa homme et femme » (Gn 1,27). Cette société de l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des personnes. Car l’être humain, de par sa nature profonde, est un être social, et sans relations avec autrui, il ne peut ni vivre ni épanouir ses qualités » (chap. 1, 12). Rappelant les aspirations de plus en plus universelles des êtres humains, le concile rappelle « que les femmes, là où elles ne l’ont pas encore obtenue, réclament la parité de droit et de fait avec les hommes (9. 2). De là, les grandes questions actuelles et l’engagement d’Assise d’octobre 2011. 25 ans après la première rencontre interreligieuse (J.P. II/octobre 1986), 300 dignitaires religieux de toutes confessions et spiritualités venus de plus de 50 pays, présentaient leur engagement envers la pleine reconnaissance de l’égalité homme et femme. À cet égard, si le pape Benoît XVI craignait le magma du syncrétisme religieux, il a finalement admis que lorsque les religions gardent leur identité propre et se respectent entre elles, le dialogue entre elles est non seulement possible mais nécessaire, car il oeuvre au service de l'humanité. Lors de la rencontre d’Assise si les différents groupes religieux furent présents ensemble au début et lors de la présentation de leurs résolutions, il est aussi essentiel de retenir que chaque groupes particuliers furent invités à discuter dans une salle réservée à chacun des groupes présents.
6) Décret sur l’apostolat des laics Apostolicam Actuositatem (no. 9)
Toutefois, et cela est fondamental pour le travail des théologiens et de théologiennes de situer les citations, car Vatican 2 n’allait pas jusqu’à l’ordination dans les ministères: Voici cet extrait qui provient du décret sur l’Apostolat des laïcs: « comme de nos jours les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Église ».
De là, l’avancé d’Assise 2011, car il s’agit d’un engagement formel au sein des religions. Bien que dans un premier temps, la question fut posée en 1973 par les femmes lors du premier Conseil Pontifical romain sur la Femme dans la société et la vie de l’Église, elle provient aussi du synode romain sur le ministère sacerdotal et la justice dans le monde (1971). La Conférence des évêques du Canada fut particulièrement éloquente sur cette question (cardinal Falhiff), suite à leurs rencontres avec les femmes engagées de notre pays. Au sein de l’oecuménisme, l’ordination des femmes dans l’Église anglicane débutait à Québec en 1975. L’automne dernier, l’une de mes ex-voisines anglicanes fut ordonnée prêtre à Ottawa. Dès lors, il est important de retenir que l’engagement oecuménique du concile Vatican 2 est irréversible.
7: Consigne du concile Vatican 2, en Introduction d’Inter Insigniores:
En 1976, cette consigne du Concile Vatican 2 fut citée en introduction de la Déclaration Inter Insigniores, déclaration qui concerne la question de l’admission des femmes au ministère sacerdotal : « Cette consigne du concile Vatican 2, est-il dit, a déjà provoqué tout une évolution qui est en cours: diverses expériences ont, bien entendu, besoin de mûrir. Mais, remarquait encore le Pape Paul VI, très nombreuses déjà sont les communautés chrétiennes qui bénéficient de l’engagement apostolique des femmes. Certaines de ce femmes sont appelées à participer aux instances de réflexion pastorale, soit au niveau des diocèses, soit à l’échelon des paroisses; le Siège Apostolique a fait prendre place à des femmes dans certains de ses organismes de travail ». Nous en découvrons maintenant les fruits, les femmes sont présentes depuis ce temps comme animatrices de pastorales, agentes de pastorale ou autres titres connexes dans les écoles, les hôpitaux, l’engagement social, les droits humains et autres....
II. Mystique biblique et théologie, comme soutien aux réformes conciliaires
1. Marie et les missions féminines
Cette thématique permet de saisir comment la mystique et la théologie sont indissociables des « transformations » qu’elles appellent. Tel que souligné précédemment la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel est officiellement posée par l’Église dans une Déclaration du Magistère de l’Église, de la Doctrine de la Foi. La Déclaration Inter Insigniores fut présentée en la fête liturgique de sainte Thérèse d’Avila, le 16 octobre 1976. Cependant dès l’introduction, le Magistère de l’Église énonce les raisons fondamentales qui empêchent de la considérer comme possible dans l’immédiateté de la question posée. Les raisons évoquées sont le manque de recherches théologiques: « comme il s’agit d’un débat sur lequel la théologie classique ne s’est guère attardée, l’argumentation actuelle risque de négliger des éléments essentiels » (a. 5) « Dans la conjoncture actuelle, est-il mentionné, nous demandons l’approfondissement de la mission respective de l’homme et de la femme ». Tout en évoquant le manque de recherches en théologie classique, qui a déjà été étudié en 1962 par un jésuite allemand, le père Haye van der Meer, on demande aux chrétiennes et aux chrétiens de réfléchir sur la question: « l’Église souhaite [alors] que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission: leur rôle sera capital aujourd’hui, aussi bien pour le renouvellement et l’humanisation de la société que pour la redécouverte, parmi les croyants [et les croyantes], du vrai visage de l’Église »10
2) Pour ma part, interpellée spirituellement par le renouveau doctrinal, je désirais comprendre pourquoi la tradition de l’Église semblait a priori rejetée cette question. C’est ainsi que suite à mon mémoire de maîtrise en théologie à l’Université de Montréal, consacré à la spiritualité sacerdotale mariale chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, j’approfondirai la pensée de l’École bérullienne et de ses fondateurs au 17e siècle français. Ces fondateurs établissent tous un lien fondamental entre Marie et le sacerdoce ministériel. Après avoir situé Marie dans l’ensemble de la liturgie, celui-ci demandait des « ministres du Seigneur » (VD 56) « de l’un et de l’autre sexe» (VD 114). Cependant, lors de transformations ecclésiales, si l’histoire peut clarifier une question, la soutenir, celle-ci n’est pas le fondement d’une question contemporaine. La « question actuelle » est la seule fondatrice. C’est pourquoi, je recherchai un auteur contemporain qui avait étudié la question. La vocation provenant d’un appel de Dieu à une personne particulière, il s’agissait tout simplement de comprendre les critères de discernement. C’est alors que je découvrais la pensée du théologien Hans Urs von Balthasar. Auteur autorisé par l’Église, von Balthasar avait publié un article sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel sous la thématique de la « tradition ininterrompue », et ce dans le journal du du Vatican, l’Osservatore Romano. 7 experts avaient étudié la question. Parmi eux, Monseigneur Joseph Ratzinger (S.S.Benoît XVI) qui soulignait l’importance d’une étude qui tenait compte du féminin et du masculin. Cependant en 1977, tel que l’affirmait von Balthasar « l’Église n’en était qu’à ses premiers balbutiements ». Contemporain du Concile Vatican 2, celui-ci soutenait la perception mariale de la Constitution sur l’Église, la Constitution Lumen Gentium. Chez lui, le « oui » de Marie à la mission confiée par son Fils en Jn 19, 26-30 constituait le fondement même de l’Église du Christ. Et ce sera sous la dimension trinitaire du salut en Jésus-Christ que le « fiat de Marie au Dieu, un et trine » fut proposé. Aussi-t-il faut-il savoir qu’en philosophie, le fiat a un sens plus exact que la bonne foi (fides). Chez les Stoïciens, la bonne foi signifie: « que soit fait (fiat) ce qui a été dit » (les Stoïciens: Cicéron et le traité des devoirs 1, VII-20). Et Dieu se révèle en tout temps de l’histoire humaine.11
2. Marie, la « femme eucharistique » chez S.S. Jean-Paul II : « lettres du pape Jean-Paul II à l’occasion du Jeudi-Saint »
L’an dernier, on me demandait de publier un article sur Marie dans l’oeuvre du pape Jean-Paul II. Je m’intéressai plus spécifiquement à Marie, la « femme eucharistique », tel que proposé dans sa Lettre encyclique l’Église et l’Eucharistie, chap. 6 (17-04-2003). Ce thème revenait au Congrès international eucharistique de Québec (2008). Intéressée depuis la maîtrise à la spiritualité sacerdotale des fondateurs de communautés religieuses, mon analyse est une étude (1) des Lettres adressées aux prêtres à l’occasion du Jeudi-Saint par le pape Jean-Paul II (1979-2005). À l’instar des co-auteurs mentionnés précédemment et à la suite des papes qui l’ont précédé, le pape Jean-Paul II établit un lien fondamental entre Marie et le sacerdoce ministériel (2):
« Nous tous, dit-il, recevons le même pouvoir par l’ordination sacerdotale, en un certain sens nous avons les premiers, le droit de voir en elle notre Mère afin que vous retrouviez en Marie, la Mère du sacerdoce que nous avons reçu du Christ » (L. 1979, a. 11).
Tel von Balthasar, le pape Jean-Paul II contemple le mystère du Christ dans sa totalité. Aussi questionne-t-il ce qu’il considère comme « l’apparente absence » de Marie à la Cène du Seigneur (3).
« Il ne nous est pas dit, écrit-il, si ta Mère se trouvait au Cénacle du Jeudi Saint. Toutefois, nous te prions par son intercession. Qu’est-ce qui peut lui être plus cher, dit-il, que le Corps et le Sang de son Fils confiés aux apôtres dans le mystère eucharistique, le Corps et le Sang que nos ‘mains sacerdotales’ (École bérullienne au 17e siècle) offrent sans cesse en sacrifice pour ‘la vie du monde’ (Jn 6, 51/L. 1982, no 10).
Cette gestuelle n’est pas sans rappeler la spiritualité de l’École bérullienne, lieu où les prêtres présentaient leur offrande en union avec Marie. « Par les mains de Marie », telle sera leur pensée fondamental (Montfort).14
Dans cette vision d’ensemble, nous pouvons comprendre pourquoi le pape Jean-Paul II ne saurait dissocier la Cène et Gethsémani. Chez lui, la Cène et Gethsémani constitue le centre du sacerdoce ministériel vécu dans la prière et par la prière (Luc, 22, 19). « Dans le « mémorial » du Calvaire est présent, dit- il, tout ce que le Christ a accompli dans sa passion et dans sa mort. C’est pourquoi ce que le Christ a accompli envers sa Mère ( Jn 19, 25-30), il l’accomplit aussi en notre faveur ». Dès lors,, il fixe cet impératif:
« Il faut que chacun de nous l’accueille chez lui comme l’apôtre Jean l’accueillit sur le Golgotha, c’est-à-dire que chacun de nous permette à Marie de prendre demeure ‘dans la maison’ de son sacerdoce sacramentel, comme mère et médiatrice de ce ‘grand mystère’ (cf. Ep. 5, 32) que nous tous désirons servir par notre vie » (L. 1987, a. 13). « Il lui a en effet confié le disciple bien-aimé et, en ce disciple, il lui confie également chacun de nous : « Voici ton fils ! ».
De même, dit-il aussi à chacun de nous : « Voici ta mère ! » (cf. Jn 19,26-27) » (Ecclesia de Eucharistia, chap. 6, a. 570). Vivre dans l’Eucharistie le mémorial de la mort du Christ suppose alors de recevoir continuellement ce don: « prendre chez nous - à l’exemple de Jean - celle qui chaque fois nous est donnée comme Mère en nous engageant à nous « conformer au Christ », en nous mettant à l’école de sa Mère et en nous laissant accompagner par elle. Marie est présente avec l’Église et, comme Mère de l’Église, elle est présente en chacune de nos Célébrations eucharistiques, dit-il. Pour le pape Jean- Paul II, on ne saurait dissocier l’Église de l’Eucharistie.
3. L'Année mariale et la lettre encyclique Redemptoris Mater
Pour ce qui concerne la lettre encyclique Redemptoris Mater, nous pouvons retenir que celle-ci fut publiée pendant l’Année mariale, le 25 mars 1987, en la fête de l’Annonciation du Seigneur à Marie (07-06-1987/15-08-1988). Elle est fondalement biblique. Cependant, le pape Jean-Paul II fait un pas de plus que ses prédécesseurs. En ce lieu tradition et nouveauté s’éclairent réciproquement. À la suite de saint Augustin et du pape Paul VI, si Marie est présentée comme première disciple, elle est la première disciple dans l’appel et la mission.
Dès lors, l’Année mariale, devient une année charnière pour l’intégration des femmes au sein de la vie de l’Église. De là, l’importance à accorder au symposium romain tenue du 27-29 septembre 1985, sur la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr. Tel que l’affirmait alors, le théologien Marc Ouellet: « si l’on en juge par le retentissement de la vision trinitaire de la théologie de Hans Urs von Balthasar, on peut conclure qu’elle constitue le fruit le plus précieux de la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr » (symposium, 170). Il en fut ainsi de la conclusion de son analyse de la Déclaration Inter Insigniores: « Tout membre qui exerce une fonction dans l’Église, dit-il, doit apprendre à exercer et à mieux vivre le « oui » que Marie a adressé au Dieu, un et trine » (tradition ininterrompue).
Dans ce contexte, il devient possible de comprendre la pensée récente du pape Benoît XVI présentée à la Commission pontificale biblique: « la parole de l’Écriture, dit-il, n’est pas un dépôt inerte à l’intérieur de l’Église, mais une règle suprême de sa foi et puissance de vie ». Ellle est Parole « de Dieu », donc toujours vivante et interpellante. En tout temps de l’histoire de l’humanité, il y a place à la nouveauté! Ceci étant dit, nous pouvons découvrir comment la femme fut présente lors des grands mouvements de transformations.
III. Les grandes inspiratrices des mouvements de renouveau: Sainte Cécile et sainte Marie-Madeleine dans l'histoire et l'archéologie biblique
Dans le cadre de cette intégration des femmes au sein de la vie de l’Église chez nos prédécesseurs, j’aimerais vous présenter deux femmes très importantes, car celles-ci ont inspiré la recherche biblique et archéologique. Il s’agit de sainte Cécile et sainte Marie-Madeleine qui, au 19e siècle, soutenaient l’espérance et les transformations de deux érudits, le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem et Dom Prosper Guéranger, l’initiateur de la réforme bénédictine féminine et masculine.
3.1: La réforme du père Guéranger (1805-1875). Cette recherche provient de la redécouverte du corps de sainte Cécile et de la collaboration de l’archéologue Jean-Baptiste Rossi (1822-1894). Ensemble, ils présenteront l’histoire chrétienne de Rome aux deux premiers siècles (1849). Dom Guéranger la reprit en spécifiant le rôle essentiel de sainte Cécile au sein de la chrétienté: Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles. La découverte du cimetière (catacombe) de Callixte, de la crypte des papes et du tombeau de sainte Cécile donnait entrée « aux sources » de l’Église chrétienne: des débuts de l’ère chrétienne jusqu’à Constantin au 4e siècle (313). En ce lieu, on y découvrait le corps intact de la sainte et les « motifs » de son martyr, sa « foi au Dieu trinitaire, le Dieu des chrétiens et des chrétiennes ». Nous retrouvons une copie de la sculpture de sainte Cécile près de la crypte des papes dans la catacombe Saint- Callixte, lieu de la première découverte, par le pape Pascal en 822 (avec saint Tiburce et saint Valérien). La sculpture originale est placée sous l’autel dans l’église Sancta Cecilia du Trastevere Elle fut sculptée par l’artiste Stefano Maderno. Elle représente la sainte dans la position où elle fut trouvée en 1599 lors de la rénovation de l’église. Trois doigts confessent sa foi en la Trinité divine. En 499, un concile romain reconnaissait sainte Cécile comme « fondatrice d’une église au IIe siècle » (Mansi, 499). Plus près de nous, la basilique-cathédrale du diocèse de Valleyfield possède une sculpture sous le maître-autel.17
3.2: Marie-Madeleine chez le père Marie-Joseph Lagrange
Pour ce qui concerne le « fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem », nous pouvons noter que le père Marie-Joseph Garrigou-Lagrange fut ordonné prêtre dans la basilique où l’on vénère sainte Marie- Madeleine (Saint-Maximin la Sainte Baume).
3.2.1: La spiritualité. Le père Lagrange affirme avoir reçu sa vocation de la sainte, en la fête liturgique de sainte Marie-Madeleine et c’est aussi à elle en communion avec d’autres saints qu’il confie ses fondations. Dans son récit vocationnel, le père Lagrange souligne l’importance de sainte Marie-Madeleine. Le jour de la saint Madeleine (22 juillet), il écrivait à un ami « Il me vient des idées de religiosité ». Le 15 août suivant, il confiait à son confesseur, « je veux devenir prêtre ». (46). Le 8 septembre, il était à saint Maximin, le soir à la Sainte Baume. Il manifeste alors sa crainte d’entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs. Cependant, dit-il, Ste Marie-Madeleine l’encourageait doucement (48). Plus tard, appelé à choisir entre Rome et Jérusalem, celui-ci choisit de demeurer à Jérusalem. En ce lieu, entre 1890 et 1900, il fondait l’École biblique et archéologique de Jérusalem (1890), la Revue biblique (en 1892) et la collection des «Études bibliques » (1900). Son Journal spirituel, du 5 juin 1891, décrit l’inscription de l’École biblique, composé par le père Lagrange pour la pose de la « première pierre »: que « l’École se trouve placée sous le patronage du Sacré-Coeur, de la Vierge Marie, des saints (Étienne, Marie-Madeleine, Benoît). » On y déposait alors dans la pierre, les médailles des saints et saintes nommées.18
3.2.2: Les recherches biblique et les fondations du père Lagrange. Malheureusement, pour ce qui concerne la méthodologie déployée dans ses recherches bibliques, soit la méthode historico-critique, celui-ci ne verra pas leur autorisation de son vivant. Le père Gariggou Lagrange décédait le 10 mars 1938 et sa méthode, telle que nous la connaissons aujourd’hui, ne fut acceptée qu’en 1943, 5 ans après sa mort. L’autorisation fut donnée le 30-09-1943 par le pape Pie XII dans l’encyclique Divino afflante Spiritu, publié en la fête de saint Jérôme, auteur de la Vulgate (bible latine/382-405). Cette encyclique s’adressait aux exégètes et autorisait les études bibliques. L’encyclique donnait alors mission aux exégètes de faire une interprétation théologique et morale « vraie » des Écritures par la recherche scientifique. « L’Écriture doit être considérée comme « l’âme » de la théologie, de la vie de l’Église et de chaque fidèle ». On dévoilait alors l’importance des études bibliques et des fouilles archéologiques pour l’interprétation des Écritures. À ce sujet, le père Guy Couturier, c.s.c., professeur émérite de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal écrit ceci:
« ce fut une quasi-révolution, car désormais ces « fidèles serviteurs de l’Église » devaient tenir compte de touts les découvertes archéologiques, tant matérielle qu’épigraphiques, dans leur interprétation des Saintes Écritures. À lire ce document libérateur pour le travail exégétique, on se rend vite compte que les principes élaborés par le père Lagrange et son École reçoivent ici leur pleine approbation Le rédacteur de l’encyclique était un ancien élève de l’École biblique, le père Jacques Vosté. » (« En commençant par Moïse et les prophètes...». 20).
Récemment les Autorité juives ont autorisé le Centre de recherche MAGDALA, ville où a vécu sainte Marie-Madeleine, l’Apôtre des apôtres. En ce lieu, ils construiront un Centre consacré à la Dignité internationale de la Femme. Dernièrement, en mai 2014, le pape Benoît bénissait le tabernacle du Centre oecuménique, lieu de rencontres, de prières et de recherche sur la femme dans l'Église et dans la société.
4. La Présentation-de-la-Vierge-au-Temple dans la foi et la culture
Dès lors, s’il devient essentiel d’unifier foi et science, il est aussi intéressant d’unifier la foi et la culture. Dans ce parcours historique, entre la foi, l’histoire et la théologie, il est intéressant de revenir à la spiritualité qui a marqué notre univers montréalais, car cette perception influence toujours la vie de l’Église et notre vie en société
4.1: La spiritualité du fondateur du séminaire de S.-Sulpice et ses fondements en la fête liturgique de la Présentation-de-la Vierge au Temple permet de comprendre l’importance du rôle de Marie, cette Étoile de l’Évangélisation. Afin de « retrouver l’esprit des fondateurs », tel que demandé par Vatican 2, je vous présente cet extrait de la spiritualité sacerdotale mariale du fondateur du séminaire de S. Sullpice, M. Jean-Jacques Olier:
« En donnant la Très-Sainte-Vierge pour fondatrice et première patronne du séminaire de Saint-Sulpice, Jean-Jacques Olier choisit comme fête principale de la maison, celle de sa Présentation au Temple, à cause des rapports que son grand esprit de foi lui montrait entre la consécration de Marie à Dieu et celle que les Ecclésiastiques font d’eux-mêmes en entrant dans l’état clérical. » (Vie intérieure de la Très Sainte Vierge, ouvrage recueilli des écrits de M. Olier, fondateur de la Congrégation des prêtres de S. Sulpice).
Dans ce temps particulier de l’histoire de l’Église, la fête de La Présentation de la Vierge est aussi le jour du renouvellement de leurs engagements sacerdotal (cf. à mon mémoire de maîtrise, Un. Montréal, 1990). Reconnue par l’Église, présence du Nonce apostolique, les prêtres renouvelaient leurs engagements sacerdotaux en ce jour. En 1906, l’artiste Joseph St-Charles créait le tableau que nous retrouvons dans la Chapelle du Grand Séminaire. Plus près de nous, à Montréal, l’obélisque de la cour arrière du musée de Pointe-à-Callières commémore toujours la présence du fondateur de Villemarie. On y rappelle les paroles de M. Jean-Jacques Olier:
« Ce projet de Montréal pourra, un temps à venir,
devenir une grande gloire de l’Église et une grande utilité à ce Royaume ».
À cet égard, comme beaucoup de membres de l’Ecole Française de spiritualité, le fondateur des Messieurs de St-Sulpice, M. Jean-Jacques OLIER (1607-1658), avait une dévotion intense envers la Vierge Marie. Aussi, souhaitait-il, que les membres de la Compagnie de Saint Sulpice aient à cœur de célébrer la fête de la Présentation de Marie au Temple comme leur fête patronale. Cette fête fut fixée au 21 novembre. Le père Olier tenait fermement à ce que sa nouvelle communauté dévouée à la formation des prêtres, mieux connue sous le nom de sulpiciens, puisse être mise sous la protection de la Vierge Marie. Cette spiritualité sacerdotale mariale est toujours vénérée, plus particulièrement au Grand Séminaire de Montréal. La chapelle représente la spiritualité du fondateur.
Le concile Vatican 2 s’inscrit dans cette pensée. En la fête liturgique de La Présentation-de-la-Vierge, les Constitutions et les décrets suivants sur l’Église furent signés: la Constitution dogmatique Lumen Gentium, lieu où l’on présente la « médiation d’intercession » de Marie, similaire chez Vanhoye à la « médiation d’intercession» du prêtre. C’est aussi jour de la signature des décrets sur l’oecuménisme (Unitatis redintegratio), sur les églises orientales (Orientalium Ecclesiarum). Ce jour marquait aussi la fin de la 3e session du concile, le 21-11-1964. (jour même du baptême de mon deuxième fils).
4.2: La Présentation-de-la-Vierge-Marie, aux origines de notre cité, un appel à la reconnaissance d'une femme Mlle Agathe De St-Perre
Dans cette quête d’unification entre la foi et la culture, il semble important de revenir vers l’orientation du Concile Vatican II, plus spécifiquement dans la Constitution pastorale de l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes pour la reconnaissance pleine et entière de la dignité fondamentale de toute personne humaine. À cet égard, j’aimerais toutefois m’arrêter quelques instants, non plus sur une découverte archéologique mais sur une découverte historique. Il s’agit ici du rôle particulier d’une femme dans les fondements de notre cité. Celle-ci devrait sous peu, être intégrée dans les Armoiries de notre Cité (elle le fut en novembre 2013). Je cite cette situation particulière, car elle reflète l’esprit d’un temps particulier de l’histoire et qui, depuis le Concile Vatican 2, devient invitation à « retrouver nos origines ». Tout comme les réformateurs cités précédemment, il peut être aussi intéressants de découvrir aux fondements même d'une cité, le rôle particulier d’une femme qui fut «propriétaire du domaine de la présentation au 17e siècle ». Cette femme Agathe de St-Perre devint « propriétaire du domaine de la présentation », suite à l’Acte d’échanges entre elle et les Messieurs de Saint-Sulpice de Paris alors propriétaire de cette première mission de la présentation de la Vierge (1668/ 07-09-1685). L’ Acte d’échanges devenait nécessaire suite à l’expropriation du terrain, « terreau », de son père Jean, premier greffier de Villemarie. Lors de la finalisation du contrat, le père Jean est décédé, tout comme la mère Mathurine Godé et son frère Claude; Agathe devenait alors l’unique propriétaire. L’Acte d’échanges fut signé avant son mariage avec Pierre Le Gardeur De Repentigny (de là, le correctif demandé). Ce terrain (terreau) se situait au lieu où fut érigé l’église dédiée à Notre-Dame, près du séminaire de Saint-Sulpice. De là, l’Acte d’échanges entre les Sulpiciens de Paris et Agathe de St-Perre, première manufacturière de Villemarie. En 1800, cette église fut agrandie et devint l’actuelle basilique Notre-Dame. Agathe fut propriétaire du domaine de la présentation, soit de l'entièreté de la ville de Dorval du 07-09-1685 jusqu’à sa vente à Jean-Baptiste Dorval, le 29-01-1695. Pour ce qui concerne l’histoire, vous retrouverez les noms de Mathurine et de Nicolas Godé, mère et grand-père d’Agathe de St-Perre sur l’obélisque de Pointe-à-Callières en compagnie de M. Jean-Jacques Olier, fondateur du Séminaire des prêtres de Saint-Sulpice. Dès lors, il est bon de rappeler que l’histoire de Montréal fut avant tout une épopée mystique, une histoire de foi. Villemarie en devint le témoin incontestable.
C'est pourquoi, en terminant cette présentation je vous présente dans ce diaporama la mosaïque de la Chapelle oecuménique Redemptoris Mater. En ce lieu, il ne s’agit plus uniquement de reconnaître uniquement « la foi personnelle de Marie » à l’Annonciation. Il s’agit de refléter le « oui de Marie », par la reconnaissance de sa mission ecclésiale. De l’Ascension à la Pentecôte, Marie, selon le père Rupnik, se tient « à la place du Christ Jésus ». La symbolique de la mosaïque murale (que je vous présente) permet de saisir le rôle fondamental de l'être-femme Marie. En décembre 2011, le prédicateur du Vatican la définissait comme suit:
Après l’Ascension, dit le père Raniero Cantalamessa, ofm., Marie est debout, les bras ouverts, dans une attitude de prières. Autour d‘elle, les apôtres, tous levant un pied ou une main, autrement dit en mouvement, représentent l’Église active qui va en mission, qui parle et agit. Marie est immobile, au- dessous de Jésus, à l’endroit même où il est monté au Ciel, comme pour entretenir ‘ son souvenir ‘ et l’attente de son retour ».
En 2012, le pape Benoît XVI définissait ainsi son rôle fondamentalement sacerdotal:
À la Vierge Marie, présente dans la Communauté apostolique réunie en prière dans l’attente de l’Esprit- Saint, nous confions, dit-il, votre nouveau service ecclésial (19-02-2012).
À la suite du pape Paul VI, le pape Benoît XVI corroborait ainsi la présidence ministérielle de Marie:
Au matin de la Pentecôte, Marie a présidé dans la prière au début de l’évangélisation sous l’Action de l’Esprit- Saint: qu’elle soit l’Étoile de l’évangélisation toujours renouvelée que l’Église, docile au mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir surtout en ces temps à la fois difficiles et pleins d’espoir !» (Évangelii Nuntiandi, l’évangélisation dans le monde moderne).
Renovée à la demande du pape Jean-Paul II, à la suite de l'Année mariale, cette chapelle privée se situe près du bureau du Saint Père. Le pape Jean- Paul II désirait que les mosaïques murales puissent parler au monde contemporain. De là, la modernité des murales et la symbolique démontrant le véritable rôle de l’être-femme Marie, première disciple du Seigneur dans l’Appel et la mission (Lettre encyclique Redemptoris Mater, 1987, pp 42-43), qui de la spiritualité des fondateurs de communautés sacerdotales offre le lieu véritable du renouveau attendu par le Concile Vatican 2. En ce lieu, les dirigeants de diverses Églises chrétiennes viennent y prier, célébrer les Vêpres mariales et chanter ensemble le CHANT DE MARIE, LE MAGNIFICAT, chant qui provient de la première Alliance ( Lc 1, 46-56; l S 2, 1-10):
40 En ces jours-là Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne,en une ville de Juda.
41 Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth.
42 Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit.
43 Et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni.
44 Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?
45 Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a
46 cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! »
47 Et Marie dit : « Mon âme glorifie le Seigneur,
48 et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur,
49 parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Voici, en effet, que désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
50 parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Et son nom est saint,
51 et sa miséricorde d’âge en âge, est pour ceux qui le craignent.
52 Il a fait œuvre de force avec son bras ; il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ;
53 il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles ;
54 il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides. 24
55 Il a pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde,
56 — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours. » Et Marie demeura avec elle environ trois mois, et elle 57 s’en retourna chez elle.
58 Cependant le temps s’accomplit où Elisabeth devait enfanter, et elle mit au monde un fils.
Margo Gravel-Provencher, théologienne et paroissienne 15-05-2012
[email protected]
cf. http://www.interinsigniores.ca