II: LA RENCONTRE D'EMMAÜS et le MÉMORIAL EUCHARISTIQUE (04-05-2014)
(icône personnelle provenant de Sr Marie Paul du Mont des Oliviers )
Bonjour à toutes et à tous.
Afin d’approfondir les textes de la liturgie d’aujourd’hui, je partagerai ma réflexion en trois parties. La première fait référence à la tradition, la seconde à la dignité de toute personne humaine et la troisième à la proximité du Christ envers tous.
1. UN LIEN AVEC LA TRADITION:
Pour ce qui concerne la première annonce ‘publique’ de la résurrection du Christ par l’apôtre Pierre, le texte de la liturgie nous décrit quelque peu l’évènement. Pour cette « confession de foi publique », nous constatons alors que Pierre n’est pas seul. Il est entouré, accompagné, de ses collègues et ami(e)s. Soutenu par eux, Pierre retrouve le courage qu’il avait perdu lors du reniement de Jésus avant la crucifixion: « Je ne le connais pas », avait-il dit. Cette première annonce permet d’y découvrir les personnes auxquelles Pierre s’adresse. Nous remarquons alors, l’une des caractéristiques de cette annonce: l’annonce n’est pas réservé « à un petit nombre», ou « à un petit groupe en particulier ». La confession de foi de Pierre se fait lors d’un grand rassemblement, devant la grande Assemblée: « À vous tous, dit-il, de Judée et de Jérusalem, cette parole vous est adressée. » On y discerne alors une ouverture et non pas une rupture avec la foi de leurs ancêtres. L’ouverture évoque « en même temps » la continuité et la nouveauté. La reconnaissance du RESSUSCITÉ n’est pas en contradiction avec leur tradition religieuse. Le RESSUSCITÉ est l’un des leurs: « DAVID, dit-il, l’avait annoncé ». Il était prophète et en relation avec Dieu. « DAVID, dit Pierre, savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône UN DE LEURS DESCENDANTS ». Le lien de famille, le lien avec la tradition, serait donc nécessaire pour la reconnaissance du Messie attendu, le RESSUSCITÉ.
2. LA PATERNITÉ DE DIEU ET LA DIGNITÉ HUMAINE:
À cet égard, le deuxième texte de la liturgie ouvre de nouveaux horizons. Il présente un nouveau lieu mis « en relief » par le concile Vatican II. Cela est d’autant plus important, si nous considérons la « canonisation » du pape Jean XXIII dimanche dernier. Saint Jean XXIII est l’initiateur de ce concile. Dans ce texte, Pierre, le premier des papes, fait un pas de plus. Il évoque en même temps, la paternité de Dieu et la dignité de toute personne humaine: « vous invoquez comme votre Père, celui qui ne fait pas de différence entre les humains ». Cette pensée sera reprise par le concile Vatican II dans sa constitution sur l’Église. En ce lieu, la dignité de toute personne humaine « en Dieu » devient le fondement de toute vie en société et dans l’Église (G.S. 12). Elle est principe de PAIX.
3. LA PROXIMITÉ DU CHRIST COMME LIEU DE RÉVÉLATION:
Ainsi guidé(e)s par la pensée de l’apôtre Pierre, l’évangile d’EMMAÜS témoigne de cette PROXIMITÉ DU CHRIST envers toute personne humaine. Plus spécifiquement dans les moments de grandes difficultés. Ici, ces difficultés concernent la FOI DES DISCIPLES D’EMMAÜS. En regardant la contextualité dans laquelle les textes de Luc sont présentés, LUC énonce la présence des femmes, non plus uniquement comme témoins de la mort de Jésus à la croix, mais comme témoins de sa résurrection. Selon Luc, cette Annonce aux femmes fut reçue par Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques. De là découlent les remarques faites par les disciples d’Emmaüs: « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les évènements de ces derniers jours.» Celui, en qui l’on croyait, est MORT ». Or, nous savons que pour le peuple juif, le Messie ne peut pas mourir. Et Jésus est mort. De là jaillit le doute, le désespoir. Seulement, pas tout à fait... Et, si les femmes disaient vrai...: « Il serait vivant... ».
À vrai dire, disent-ils, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais LUI, ..................... ils ne l'ont pas vu.
C’est alors que l’étranger qui « en fait est Jésus » leur dit : « Coeur lent à comprendre les Écritures. Ne fallait-il pas que le Christ souffrit tout cela pour entrer dans sa gloire. » Tout comme l’apôtre Pierre, Jésus se réfèrera à la foi de leurs ancêtres:
« En commençant par Moïse et les prophètes... il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait .... ». Cependant... les disciples ne le reconnaissent pas.
DÈS LORS, NOUS POUVONS NOUS INTERROGER:
Et, ce sera seulement au moment du « repas », à sa façon de « partager le pain » qu’ils le reconnaîtront. Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, quand il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures!
POUR MA PART:
CE SENTIMENT, JE L’AI VÉCU, en rédigeant mon homélie:
Ces paroles de Jésus aux disciples d’Emmaüs m’ont touchée d’une façon toute particulière. Soudainement, je remarquais que ces paroles de Jésus étaient le titre d’un volume publié par l’un de mes professeurs à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal (2008), lieu de ma formation théologique. Je venais de publier un article pour le réseau Femmes et Ministères, GROUPE INTERLOCUTEUR À L’AÉCQ. Je citais ce volume comme référence. L’auteur est le père Guy Couturier, père de Sainte-Croix, orientaliste et exégète de l’Ancien Testament.
Et pourtant... ce spécialiste de l’Ancien Testament, des études sur les prophètes, se référait à l'Emmaüs de la Nouvelle Alliance... Cette PAROLE du Jésus d'Emmaüs devenait le titre de son volume:
« En commençant par Moïse et les prophètes... Études vétérotestamentaires ».
On y découvre alors la « clé de lecture » de tout texte biblique. « Emmaüs » et la foi en la Résurrection devient le « point de départ » de la recherche. Un jour ce professeur me dit ceci: « Lisez tel volume et vous allez comprendre: LA RÉSURRECTION DE JÉSUS, MYSTÈRE DE SALUT (F.-.Durrwell/rédemptoriste). En rédigeant mon homélie, je comprenais alors pourquoi celui-ci avait accueilli, sans douter un seul instant, mon expérience de foi, qui en fait, était totalement une expérience de PAROLE BIBLIQUE: « Assiez-toi et parle, me dit-il. J’étais frappée, ce prêtre, ce scientifique, croyait à cette ACTION DE DIEU dans ma vie personnelle.
Et ce fut l’ANNÉE MARIALE proposée par le pape Jean-Paul II.
Invitée en cette Année mariale, à Rome, comme animatrice d’un pélérinage, je fis ma première homélie à SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS, lieu de lancement du Concile Vatican II.
À cet égard, qu'en est-il pour nous aujourd'hui qui venons participer à l'Eucharistie dominicale? Comment percevons-nous ces paroles d'Emmaüs?
Il est possible d'en découvrir quelques pistes en méditant sur ces parole d'Emmaüs:
« En commençant par Moïse et les prophètes... dit Jésus ressuscité.
Telle est pour moi la base, le schéma, de notre liturgie eucharistique:
(1)... lecture des textes de la première Alliance (2)... les extraits des Psaumes de David (3) ... lecture des Actes des Apôtres ou des Lettres de Paul (4)... lecture de l’Évangile: Mathieu, Marc, Luc, Jean. Textes indissociables du MEMORIAL EUCHARISTIQUE, vécu en PRÉSENCE du RESSUSCITÉ.
EN CET INSTANT PRIVILÉGIÉ S’ACTUALISE « LA RENCONTRE D’EMMAÜS »:
Quand il fut à table avec eux,
il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent,
mais il disparut à leurs regards.
Margo Gravel-Provencher, théologienne.
(La Présentation-de-la-Vierge. Dorval/04-05-2014)
(icône personnelle provenant de Sr Marie Paul du Mont des Oliviers )
Bonjour à toutes et à tous.
Afin d’approfondir les textes de la liturgie d’aujourd’hui, je partagerai ma réflexion en trois parties. La première fait référence à la tradition, la seconde à la dignité de toute personne humaine et la troisième à la proximité du Christ envers tous.
1. UN LIEN AVEC LA TRADITION:
Pour ce qui concerne la première annonce ‘publique’ de la résurrection du Christ par l’apôtre Pierre, le texte de la liturgie nous décrit quelque peu l’évènement. Pour cette « confession de foi publique », nous constatons alors que Pierre n’est pas seul. Il est entouré, accompagné, de ses collègues et ami(e)s. Soutenu par eux, Pierre retrouve le courage qu’il avait perdu lors du reniement de Jésus avant la crucifixion: « Je ne le connais pas », avait-il dit. Cette première annonce permet d’y découvrir les personnes auxquelles Pierre s’adresse. Nous remarquons alors, l’une des caractéristiques de cette annonce: l’annonce n’est pas réservé « à un petit nombre», ou « à un petit groupe en particulier ». La confession de foi de Pierre se fait lors d’un grand rassemblement, devant la grande Assemblée: « À vous tous, dit-il, de Judée et de Jérusalem, cette parole vous est adressée. » On y discerne alors une ouverture et non pas une rupture avec la foi de leurs ancêtres. L’ouverture évoque « en même temps » la continuité et la nouveauté. La reconnaissance du RESSUSCITÉ n’est pas en contradiction avec leur tradition religieuse. Le RESSUSCITÉ est l’un des leurs: « DAVID, dit-il, l’avait annoncé ». Il était prophète et en relation avec Dieu. « DAVID, dit Pierre, savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône UN DE LEURS DESCENDANTS ». Le lien de famille, le lien avec la tradition, serait donc nécessaire pour la reconnaissance du Messie attendu, le RESSUSCITÉ.
2. LA PATERNITÉ DE DIEU ET LA DIGNITÉ HUMAINE:
À cet égard, le deuxième texte de la liturgie ouvre de nouveaux horizons. Il présente un nouveau lieu mis « en relief » par le concile Vatican II. Cela est d’autant plus important, si nous considérons la « canonisation » du pape Jean XXIII dimanche dernier. Saint Jean XXIII est l’initiateur de ce concile. Dans ce texte, Pierre, le premier des papes, fait un pas de plus. Il évoque en même temps, la paternité de Dieu et la dignité de toute personne humaine: « vous invoquez comme votre Père, celui qui ne fait pas de différence entre les humains ». Cette pensée sera reprise par le concile Vatican II dans sa constitution sur l’Église. En ce lieu, la dignité de toute personne humaine « en Dieu » devient le fondement de toute vie en société et dans l’Église (G.S. 12). Elle est principe de PAIX.
3. LA PROXIMITÉ DU CHRIST COMME LIEU DE RÉVÉLATION:
Ainsi guidé(e)s par la pensée de l’apôtre Pierre, l’évangile d’EMMAÜS témoigne de cette PROXIMITÉ DU CHRIST envers toute personne humaine. Plus spécifiquement dans les moments de grandes difficultés. Ici, ces difficultés concernent la FOI DES DISCIPLES D’EMMAÜS. En regardant la contextualité dans laquelle les textes de Luc sont présentés, LUC énonce la présence des femmes, non plus uniquement comme témoins de la mort de Jésus à la croix, mais comme témoins de sa résurrection. Selon Luc, cette Annonce aux femmes fut reçue par Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques. De là découlent les remarques faites par les disciples d’Emmaüs: « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les évènements de ces derniers jours.» Celui, en qui l’on croyait, est MORT ». Or, nous savons que pour le peuple juif, le Messie ne peut pas mourir. Et Jésus est mort. De là jaillit le doute, le désespoir. Seulement, pas tout à fait... Et, si les femmes disaient vrai...: « Il serait vivant... ».
À vrai dire, disent-ils, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais LUI, ..................... ils ne l'ont pas vu.
C’est alors que l’étranger qui « en fait est Jésus » leur dit : « Coeur lent à comprendre les Écritures. Ne fallait-il pas que le Christ souffrit tout cela pour entrer dans sa gloire. » Tout comme l’apôtre Pierre, Jésus se réfèrera à la foi de leurs ancêtres:
« En commençant par Moïse et les prophètes... il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait .... ». Cependant... les disciples ne le reconnaissent pas.
DÈS LORS, NOUS POUVONS NOUS INTERROGER:
Et, ce sera seulement au moment du « repas », à sa façon de « partager le pain » qu’ils le reconnaîtront. Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, quand il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures!
POUR MA PART:
CE SENTIMENT, JE L’AI VÉCU, en rédigeant mon homélie:
Ces paroles de Jésus aux disciples d’Emmaüs m’ont touchée d’une façon toute particulière. Soudainement, je remarquais que ces paroles de Jésus étaient le titre d’un volume publié par l’un de mes professeurs à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal (2008), lieu de ma formation théologique. Je venais de publier un article pour le réseau Femmes et Ministères, GROUPE INTERLOCUTEUR À L’AÉCQ. Je citais ce volume comme référence. L’auteur est le père Guy Couturier, père de Sainte-Croix, orientaliste et exégète de l’Ancien Testament.
Et pourtant... ce spécialiste de l’Ancien Testament, des études sur les prophètes, se référait à l'Emmaüs de la Nouvelle Alliance... Cette PAROLE du Jésus d'Emmaüs devenait le titre de son volume:
« En commençant par Moïse et les prophètes... Études vétérotestamentaires ».
On y découvre alors la « clé de lecture » de tout texte biblique. « Emmaüs » et la foi en la Résurrection devient le « point de départ » de la recherche. Un jour ce professeur me dit ceci: « Lisez tel volume et vous allez comprendre: LA RÉSURRECTION DE JÉSUS, MYSTÈRE DE SALUT (F.-.Durrwell/rédemptoriste). En rédigeant mon homélie, je comprenais alors pourquoi celui-ci avait accueilli, sans douter un seul instant, mon expérience de foi, qui en fait, était totalement une expérience de PAROLE BIBLIQUE: « Assiez-toi et parle, me dit-il. J’étais frappée, ce prêtre, ce scientifique, croyait à cette ACTION DE DIEU dans ma vie personnelle.
Et ce fut l’ANNÉE MARIALE proposée par le pape Jean-Paul II.
Invitée en cette Année mariale, à Rome, comme animatrice d’un pélérinage, je fis ma première homélie à SAINT-PAUL-HORS-LES-MURS, lieu de lancement du Concile Vatican II.
À cet égard, qu'en est-il pour nous aujourd'hui qui venons participer à l'Eucharistie dominicale? Comment percevons-nous ces paroles d'Emmaüs?
Il est possible d'en découvrir quelques pistes en méditant sur ces parole d'Emmaüs:
« En commençant par Moïse et les prophètes... dit Jésus ressuscité.
Telle est pour moi la base, le schéma, de notre liturgie eucharistique:
(1)... lecture des textes de la première Alliance (2)... les extraits des Psaumes de David (3) ... lecture des Actes des Apôtres ou des Lettres de Paul (4)... lecture de l’Évangile: Mathieu, Marc, Luc, Jean. Textes indissociables du MEMORIAL EUCHARISTIQUE, vécu en PRÉSENCE du RESSUSCITÉ.
EN CET INSTANT PRIVILÉGIÉ S’ACTUALISE « LA RENCONTRE D’EMMAÜS »:
Quand il fut à table avec eux,
il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent,
mais il disparut à leurs regards.
Margo Gravel-Provencher, théologienne.
(La Présentation-de-la-Vierge. Dorval/04-05-2014)