Homélie des 10/11 janvier 2015: Le baptême de Jésus et la visée théologique d'une expérience spirituelle vécue selon la liturgie du jour, par Margo Gravel-Provencher, en la paroisse La Présentation-de-la-Vierge, Dorval, QC
Dans cette homélie, je tenterai de répondre aux attentes de notre curé, M. Robert Bouchard, soit présenter mon vécu dans la foi à l’aide de l’évangile d’aujourd’hui. À cet effet, je partagerai cette réflexion en deux temps: le premier concerne le baptême de Jésus par Jean et la dimension trinitaire du baptême chrétien; le second démontre comment une expérience spirituelle comprend en elle-même sa propre visée théologique.
1. Du Baptême de Jésus aux baptêmes des petits-enfants,
Pour ce qui concerne le baptême de Jésus et le baptême des petits-enfants, les textes de la liturgie permettent de saisir certains aspects fondamentaux de la vie de foi: chez Isaïe le prophète, Jean le disciple bien-aimé et par l’évangile selon saint Marc. Ensemble, ces textes nous indiquent les lieux qui nous conduisent vers la reconnaissance du Seigneur, tels la confiance, la persévérance, l’écoute. Isaïe indique une certaine continuité dans toute nouveauté qui s’offre à nous. « Je m’engagerai envers vous, dit le Seigneur, par une Alliance éternelle. Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra sans résultat, sans avoir fait ce qui me plait, sans avoir accompli sa mission ». La nouveauté offerte est comparable au travail du semeur tout en indiquant que cette semence ne provient plus uniquement de la terre, mais de la « bouche du Seigneur », lui-même. Si les récits de création présente la terre créatrice, elle y présente aussi le Souffle de Vie. Tout comme le démontre la ‘pensée juive’: la révélation de Dieu se dit dans le « voir » et « l’entendre». Elle n’est pas parole inerte. Dès lors, s’il est possible de l’entendre à l’« oreille du coeur », il est aussi possible de la com - prendre. La Parole accomplira sa mission... dit le Seigneur. Elle se révèlera d’elle-même. Toutefois ces voies de la confiance, de la persévérance peuvent être mise à rude épreuve. Un temps très long peut s’écouler entre la « Parole reçue de la bouche du Seigneur » et l’accomplissement de la « mission perçue ». En ce sens, l’évangile de Marc devient très intéressante pour nous, chrétiennes et chrétiens. En ce lieu, la Parole de Dieu advient et conduit son peuple vers son plein épanouissement. Lors du baptême de Jésus par Jean, l’histoire humaine se voit ainsi transformée. Cette Parole du Seigneur surgit dans une ‘personne humaine’. « Le Verbe de Dieu se fait chair ». « Celui-ci est mon fils bien-aimé, dit le Seigneur. En lui, j’ai mis toute ma joie ». Le baptême en Jésus devient alors lieu de révélation: « Moi, dit Jean, je vous ai baptisé dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint ». Dès lors, nous pouvons percevoir l’importance du baptême des petits-enfants. Au jour de leur baptême, le passage de la parole entendue « à l’oreille du coeur » dans le nom donné ou toute autre pensée, s’actualise en Église du Christ. Le baptême dans l’Esprit en Jésus rend possible la nouveauté: « Tu es mon fils bien-aimé ! Tu es ma fille bien-aimée ». Dans la foi de l’Église, au moment du baptême, cela se réalise vraiment...
Le Baptême dans l’Esprit en Jésus-de-Nazareth, permet de saisir les dernières paroles que celui-ci adressait à ses disciples, peu de temps avant sa passion:
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, dit-il alors. Mais pour l’instant vous ne pouvez les porter. [Cependant], quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, iI vous conduira vers la vérité toute entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même; Mais ce qu’il aura entendu, il le dira; Et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi; c'est pourquoi je vous ai dit: L'Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-14).
II: De l’expérience première à l’engagement pastoral et la recherche théologique (évidence subjective et objective de l’expérience de foi d’après Hans Urs von Balthasar):
Dans cet esprit, je tenterai de répondre aux questions posées par notre curé qui peut se résumer ainsi: « comment une expérience spirituelle peut conduire une « femme mariée » vers l’engagement pastoral et la recherche théologique sur une question délicate? Et surtout, tel que vous pouvez le lire dans le feuillet paroissial, comment en vient-on à présenter l’évolution de cette pensée aux dirigeants de notre Église?
a) Une expérience vécue dans la prière:
Dans un premier temps, je désire souligner que cette expérience première fut vécue, il y a plus de 30 ans. Participant au groupe de prières, présidé par le diacre de notre paroisse, M. Roland Ouellet, je notais à sa demande ce que je vivais. Un jour, cela va te servir. Notre participation, mon mari et moi, au groupe de prières, à l’organisation des soupers ACTE-DORVAL, nous conduit alors vers une implication dans la réalisation du Congrès charismatique des 01/03/06 1979, au sein de l’ équipe organisatrice. Le congrès se déroulait au Stade Olympique de Montréal aux jours anniversaires de la mort du pape Jean XXIII. C’était la Pentecôte. Personnellement, j’étais à la « rotonde » pour l’accueil des prêtres. La thématique du congrès était la suivante: « Tous uni[e]s en Jésus Sauveur ». En panne de concepteur, M. Raymond Boulos me demandait de 'créer le poster publicitaire’ qui se répandit à travers le Canada. Trois critères me furent donnés: présenter le stade olympique ouvert, l’Alliance et la thématique. Toutefois, comment présenter cette thématique sans présenter la Croix glorieuse en Jésus sauveur? Subséquemment, la direction du Renouveau me demandait de le signer et, cela ne me souriait pas... C’est alors qu’une parole vînt en moi: « Si tu rougis de moi, moi aussi, je rougirai de toi ».(cf. Mc 8,38). JE SIGNAI. Et, depuis ce temps, je me suis engagée personnellement.
b) engagement pastoral paroissial et recherche théologique,
Pendant ce temps, j’acceptais en tant que chrétienne de travailler au niveau administratif et pastoral, ici, à la paroisse . Je n’étais pas dans l’inconnu ayant occupée ces fonctions au commerce de mon père avant mon mariage. Je débutais comme secrétaire-trésorière de la Fabrique, et par la suite j’ ‘initiais’ le Conseil de Pastorale Paroissial après avoir été chercher plusieurs des membres, à domicile. J’y travaillerai pendant six ans (1978-1984). De là découle, ma première implication en pastorale du baptême avec deux paroissiens: MM. Gilles Lemoine et Bertrand Banville. En même temps, j’entrais à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal pour un certificat en théologie. Je terminais en ce lieu après une Maîtrise en théologie avec mémoire en théologie fondamentale. J’analysais alors le ‘Traité de la Vraie Dévotion’ de saint Louis-Marie-Grignion de Montfort. Bien que notre paroisse était dirigée par les pères montfortains, la question de l’être-femme Marie et des ministères féminins m’habitait depuis toujours. Dans l’enfance, mes parents avaient fait érigé une statue de la Vierge Immaculée sur le terrain familial, suite à des faveurs obtenues. Lors de l’Année mariale (1987), je fus invitée comme animatrice d’un pèlerinage à Rome par un membre du Comité diocésain d’Initiation chrétienne. 100 pèlerins y participaient. Comme animatrice, je fis ma première homélie en la basilique St-Paul-hors-les-murs, lieu de lancement du Concile Vatican II, ayant déjà présentée ma première évangile à la messe des nouveaux diplômés de la Faculté de théologie à l'église Saint Albert LeGrand. C’est ainsi que mon parcours évoluait constamment entre études et engagement ecclésial: professeure à la formation des catéchètes paroissiaux du Collège Marie-Victorin; animatrice de pastorale au secondaire à la Cité des Jeunes Vaudreuil-Dorion et autres... À la Cité, chaque animatrice avait la responsabilité de plus de 1,500 élèves qui étaient tous reçus au Salon de la pastorale par groupe de 39 (3000+). Demeurant toujours en notre paroisse, je participais au Synode de Montréal qui accueillait le « mémoire » que je proposais. La thématique proposée était la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel au sein de notre Église, en lien avec mes recherches théologiques et mon expérience de foi. J’y reviendrai pour la deuxième session du Synode, suite au vote des 2/3 reçu ici comme représentante de la paroisse. L'Assemblée synodale reprit la question à partir de l'Appel au ministère. 66.33% approuvait la proposition.
c) correspondance avec les dirigeants de l’Église,
Toutefois mon expérience spirituelle interpellait toujours le curé de notre paroisse. En 1995, le père-curé Hector Bibeau, s.m.m. me demandait de faire parvenir mon expérience spirituelle à la Nonciature Apostolique. Je leur fis parvenir, accompagné de mon ‘mémoire de maîtrise’. Après le Synode, je résolus d’aller plus loin afin de comprendre les raisons de cette non-ordination des femmes. 1998 marquera mon retour aux études doctorales à l’Université de Sherbrooke. Je rédigeais une thèse sur la pensée de Hans Urs von Balthasar, théologien et cardinal désigné. Dans sa trilogie en 17 volumes, Von Balthasar établissait une certaine similitude entre l’inspiration de la personne « priante » et l’inspiration des artistes, poètes, auteur-compositeurs et autres créateurs. Celui-ci ne dissociait pas l’évidence subjective et l’évidence objective de l’expérience de foi (le beau, le bon, le vrai). Son oeuvre est immense tout comme celle de la co-auteure de son oeuvre, Mme Adrienne von Speyr, médecin, mystique (objective) et femme mariée deux fois (+100 vol.) Telle était la nouveauté proposée chez Balthasar. En 1985, le pape Jean-Paul II demandait un symposium sur ‘la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr’. suite à l’intégration de l’ oeuvre de celle-ci au coeur même de la trilogie balthasarienne (1983). Les recherches effectuées avaient permis de comprendre mon expérience spirituelle. Suite à mes travaux, des théologiens et des évêques me demandaient de publier mes recherches. Je les publiais en tenant compte de la question posée en 1976 par la S.S. Congrégation de la Foi, soit la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel en tenant compte de l’analyse balthasarienne. Cette pensée fut le point de départ de mon projet doctoral.
Et, le temps s’écoula...
En octobre 2010, lors de la canonisation du Frère André, je remis personnellement mon volume en deux exemplaires à la poste vaticane de Rome. Le colis était adressé au pape Benoit XVI. C’est pourquoi, en septembre dernier, je me sentis grandement honorée de recevoir un volume du Secrétariat particulier de notre pape émérite, S.S. Benoît XVI. Son volume L’enfance de Jésus était accompagné de remerciements personnels.
Dès lors, si l’animation en pastorale du baptême fut le point de départ de ma formation théologique, les baptêmes de mes enfants et petits-enfants confortaient ma foi par les événements marquants que je découvrais. Parmi ces évènements, le baptême du premier de mes fils au jour de l'Annonce du Seigneur à Marie (spiritualité montfortaine) et celui de mon second fils à la paroisse Sainte-Rose de Lima (Laval). Le baptême se situait en la fête de la Présentation-de-la-Vierge Marie au Temple, au jour même des signatures de la Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium) et autres décrets, le 21-11-1964. Lors des baptêmes de mes petits-fils, j’étais invitée à prononcer l’homélie pour l’un d’eux et autorisée à baptiser le deuxième, à l’église Saint-Michel de Vaudreuil, comme ‘ministre extraordinaire du baptême’. L’autorisation venait de Mgr Robert Lebel, évêque du lieu de leurs naissances et de mon engagement comme animatrice de pastorale scolaire au secondaire.
C’est pourquoi, je peux affirmer en terminant que sans les études théologiques et les conseils reçus, je n’aurais pas compris le lieu où me conduisait mon expérience spirituelle (visée théologique). Revenue en pastorale du baptême en septembre 2012, à la demande d'un marguillier de notre paroisse, je peux de nouveau affirmer que ces moments particuliers vécus en Église, ces moments de grâces spéciales, se poursuivent toujours lors des baptêmes des petits garçons et des petites filles.
« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, dit Jésus, iI vous conduira vers la vérité toute entière. »
En terminant, permettez-moi de reprendre cette parole du théologien-cardinal Marc Ouellet lors du symposium romain tenue sur la mission ecclésiale d'Adrienne von Speyr (1985): « Si on en juge par le retentissement de cette vision trinitaire dans la théologie de Hans Urs von Balthasar, on peut conclure qu’elle constitue sans doute le fruit le plus précieux de la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr! ».
En cette eucharistie, rendons grâce à Dieu pour notre baptême!
Merci pour votre écoute!
Margo Gravel-Provencher, théologienne et paroissienne
En complément, l'extrait du semainier paroissial
* le livre est le 3e de la trilogie du pape Benoit XVI: L'enfance de Jésus
Dans cette homélie, je tenterai de répondre aux attentes de notre curé, M. Robert Bouchard, soit présenter mon vécu dans la foi à l’aide de l’évangile d’aujourd’hui. À cet effet, je partagerai cette réflexion en deux temps: le premier concerne le baptême de Jésus par Jean et la dimension trinitaire du baptême chrétien; le second démontre comment une expérience spirituelle comprend en elle-même sa propre visée théologique.
1. Du Baptême de Jésus aux baptêmes des petits-enfants,
Pour ce qui concerne le baptême de Jésus et le baptême des petits-enfants, les textes de la liturgie permettent de saisir certains aspects fondamentaux de la vie de foi: chez Isaïe le prophète, Jean le disciple bien-aimé et par l’évangile selon saint Marc. Ensemble, ces textes nous indiquent les lieux qui nous conduisent vers la reconnaissance du Seigneur, tels la confiance, la persévérance, l’écoute. Isaïe indique une certaine continuité dans toute nouveauté qui s’offre à nous. « Je m’engagerai envers vous, dit le Seigneur, par une Alliance éternelle. Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra sans résultat, sans avoir fait ce qui me plait, sans avoir accompli sa mission ». La nouveauté offerte est comparable au travail du semeur tout en indiquant que cette semence ne provient plus uniquement de la terre, mais de la « bouche du Seigneur », lui-même. Si les récits de création présente la terre créatrice, elle y présente aussi le Souffle de Vie. Tout comme le démontre la ‘pensée juive’: la révélation de Dieu se dit dans le « voir » et « l’entendre». Elle n’est pas parole inerte. Dès lors, s’il est possible de l’entendre à l’« oreille du coeur », il est aussi possible de la com - prendre. La Parole accomplira sa mission... dit le Seigneur. Elle se révèlera d’elle-même. Toutefois ces voies de la confiance, de la persévérance peuvent être mise à rude épreuve. Un temps très long peut s’écouler entre la « Parole reçue de la bouche du Seigneur » et l’accomplissement de la « mission perçue ». En ce sens, l’évangile de Marc devient très intéressante pour nous, chrétiennes et chrétiens. En ce lieu, la Parole de Dieu advient et conduit son peuple vers son plein épanouissement. Lors du baptême de Jésus par Jean, l’histoire humaine se voit ainsi transformée. Cette Parole du Seigneur surgit dans une ‘personne humaine’. « Le Verbe de Dieu se fait chair ». « Celui-ci est mon fils bien-aimé, dit le Seigneur. En lui, j’ai mis toute ma joie ». Le baptême en Jésus devient alors lieu de révélation: « Moi, dit Jean, je vous ai baptisé dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint ». Dès lors, nous pouvons percevoir l’importance du baptême des petits-enfants. Au jour de leur baptême, le passage de la parole entendue « à l’oreille du coeur » dans le nom donné ou toute autre pensée, s’actualise en Église du Christ. Le baptême dans l’Esprit en Jésus rend possible la nouveauté: « Tu es mon fils bien-aimé ! Tu es ma fille bien-aimée ». Dans la foi de l’Église, au moment du baptême, cela se réalise vraiment...
Le Baptême dans l’Esprit en Jésus-de-Nazareth, permet de saisir les dernières paroles que celui-ci adressait à ses disciples, peu de temps avant sa passion:
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, dit-il alors. Mais pour l’instant vous ne pouvez les porter. [Cependant], quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, iI vous conduira vers la vérité toute entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même; Mais ce qu’il aura entendu, il le dira; Et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi; c'est pourquoi je vous ai dit: L'Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-14).
II: De l’expérience première à l’engagement pastoral et la recherche théologique (évidence subjective et objective de l’expérience de foi d’après Hans Urs von Balthasar):
Dans cet esprit, je tenterai de répondre aux questions posées par notre curé qui peut se résumer ainsi: « comment une expérience spirituelle peut conduire une « femme mariée » vers l’engagement pastoral et la recherche théologique sur une question délicate? Et surtout, tel que vous pouvez le lire dans le feuillet paroissial, comment en vient-on à présenter l’évolution de cette pensée aux dirigeants de notre Église?
a) Une expérience vécue dans la prière:
Dans un premier temps, je désire souligner que cette expérience première fut vécue, il y a plus de 30 ans. Participant au groupe de prières, présidé par le diacre de notre paroisse, M. Roland Ouellet, je notais à sa demande ce que je vivais. Un jour, cela va te servir. Notre participation, mon mari et moi, au groupe de prières, à l’organisation des soupers ACTE-DORVAL, nous conduit alors vers une implication dans la réalisation du Congrès charismatique des 01/03/06 1979, au sein de l’ équipe organisatrice. Le congrès se déroulait au Stade Olympique de Montréal aux jours anniversaires de la mort du pape Jean XXIII. C’était la Pentecôte. Personnellement, j’étais à la « rotonde » pour l’accueil des prêtres. La thématique du congrès était la suivante: « Tous uni[e]s en Jésus Sauveur ». En panne de concepteur, M. Raymond Boulos me demandait de 'créer le poster publicitaire’ qui se répandit à travers le Canada. Trois critères me furent donnés: présenter le stade olympique ouvert, l’Alliance et la thématique. Toutefois, comment présenter cette thématique sans présenter la Croix glorieuse en Jésus sauveur? Subséquemment, la direction du Renouveau me demandait de le signer et, cela ne me souriait pas... C’est alors qu’une parole vînt en moi: « Si tu rougis de moi, moi aussi, je rougirai de toi ».(cf. Mc 8,38). JE SIGNAI. Et, depuis ce temps, je me suis engagée personnellement.
b) engagement pastoral paroissial et recherche théologique,
Pendant ce temps, j’acceptais en tant que chrétienne de travailler au niveau administratif et pastoral, ici, à la paroisse . Je n’étais pas dans l’inconnu ayant occupée ces fonctions au commerce de mon père avant mon mariage. Je débutais comme secrétaire-trésorière de la Fabrique, et par la suite j’ ‘initiais’ le Conseil de Pastorale Paroissial après avoir été chercher plusieurs des membres, à domicile. J’y travaillerai pendant six ans (1978-1984). De là découle, ma première implication en pastorale du baptême avec deux paroissiens: MM. Gilles Lemoine et Bertrand Banville. En même temps, j’entrais à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal pour un certificat en théologie. Je terminais en ce lieu après une Maîtrise en théologie avec mémoire en théologie fondamentale. J’analysais alors le ‘Traité de la Vraie Dévotion’ de saint Louis-Marie-Grignion de Montfort. Bien que notre paroisse était dirigée par les pères montfortains, la question de l’être-femme Marie et des ministères féminins m’habitait depuis toujours. Dans l’enfance, mes parents avaient fait érigé une statue de la Vierge Immaculée sur le terrain familial, suite à des faveurs obtenues. Lors de l’Année mariale (1987), je fus invitée comme animatrice d’un pèlerinage à Rome par un membre du Comité diocésain d’Initiation chrétienne. 100 pèlerins y participaient. Comme animatrice, je fis ma première homélie en la basilique St-Paul-hors-les-murs, lieu de lancement du Concile Vatican II, ayant déjà présentée ma première évangile à la messe des nouveaux diplômés de la Faculté de théologie à l'église Saint Albert LeGrand. C’est ainsi que mon parcours évoluait constamment entre études et engagement ecclésial: professeure à la formation des catéchètes paroissiaux du Collège Marie-Victorin; animatrice de pastorale au secondaire à la Cité des Jeunes Vaudreuil-Dorion et autres... À la Cité, chaque animatrice avait la responsabilité de plus de 1,500 élèves qui étaient tous reçus au Salon de la pastorale par groupe de 39 (3000+). Demeurant toujours en notre paroisse, je participais au Synode de Montréal qui accueillait le « mémoire » que je proposais. La thématique proposée était la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel au sein de notre Église, en lien avec mes recherches théologiques et mon expérience de foi. J’y reviendrai pour la deuxième session du Synode, suite au vote des 2/3 reçu ici comme représentante de la paroisse. L'Assemblée synodale reprit la question à partir de l'Appel au ministère. 66.33% approuvait la proposition.
c) correspondance avec les dirigeants de l’Église,
Toutefois mon expérience spirituelle interpellait toujours le curé de notre paroisse. En 1995, le père-curé Hector Bibeau, s.m.m. me demandait de faire parvenir mon expérience spirituelle à la Nonciature Apostolique. Je leur fis parvenir, accompagné de mon ‘mémoire de maîtrise’. Après le Synode, je résolus d’aller plus loin afin de comprendre les raisons de cette non-ordination des femmes. 1998 marquera mon retour aux études doctorales à l’Université de Sherbrooke. Je rédigeais une thèse sur la pensée de Hans Urs von Balthasar, théologien et cardinal désigné. Dans sa trilogie en 17 volumes, Von Balthasar établissait une certaine similitude entre l’inspiration de la personne « priante » et l’inspiration des artistes, poètes, auteur-compositeurs et autres créateurs. Celui-ci ne dissociait pas l’évidence subjective et l’évidence objective de l’expérience de foi (le beau, le bon, le vrai). Son oeuvre est immense tout comme celle de la co-auteure de son oeuvre, Mme Adrienne von Speyr, médecin, mystique (objective) et femme mariée deux fois (+100 vol.) Telle était la nouveauté proposée chez Balthasar. En 1985, le pape Jean-Paul II demandait un symposium sur ‘la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr’. suite à l’intégration de l’ oeuvre de celle-ci au coeur même de la trilogie balthasarienne (1983). Les recherches effectuées avaient permis de comprendre mon expérience spirituelle. Suite à mes travaux, des théologiens et des évêques me demandaient de publier mes recherches. Je les publiais en tenant compte de la question posée en 1976 par la S.S. Congrégation de la Foi, soit la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel en tenant compte de l’analyse balthasarienne. Cette pensée fut le point de départ de mon projet doctoral.
Et, le temps s’écoula...
En octobre 2010, lors de la canonisation du Frère André, je remis personnellement mon volume en deux exemplaires à la poste vaticane de Rome. Le colis était adressé au pape Benoit XVI. C’est pourquoi, en septembre dernier, je me sentis grandement honorée de recevoir un volume du Secrétariat particulier de notre pape émérite, S.S. Benoît XVI. Son volume L’enfance de Jésus était accompagné de remerciements personnels.
Dès lors, si l’animation en pastorale du baptême fut le point de départ de ma formation théologique, les baptêmes de mes enfants et petits-enfants confortaient ma foi par les événements marquants que je découvrais. Parmi ces évènements, le baptême du premier de mes fils au jour de l'Annonce du Seigneur à Marie (spiritualité montfortaine) et celui de mon second fils à la paroisse Sainte-Rose de Lima (Laval). Le baptême se situait en la fête de la Présentation-de-la-Vierge Marie au Temple, au jour même des signatures de la Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium) et autres décrets, le 21-11-1964. Lors des baptêmes de mes petits-fils, j’étais invitée à prononcer l’homélie pour l’un d’eux et autorisée à baptiser le deuxième, à l’église Saint-Michel de Vaudreuil, comme ‘ministre extraordinaire du baptême’. L’autorisation venait de Mgr Robert Lebel, évêque du lieu de leurs naissances et de mon engagement comme animatrice de pastorale scolaire au secondaire.
C’est pourquoi, je peux affirmer en terminant que sans les études théologiques et les conseils reçus, je n’aurais pas compris le lieu où me conduisait mon expérience spirituelle (visée théologique). Revenue en pastorale du baptême en septembre 2012, à la demande d'un marguillier de notre paroisse, je peux de nouveau affirmer que ces moments particuliers vécus en Église, ces moments de grâces spéciales, se poursuivent toujours lors des baptêmes des petits garçons et des petites filles.
« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, dit Jésus, iI vous conduira vers la vérité toute entière. »
En terminant, permettez-moi de reprendre cette parole du théologien-cardinal Marc Ouellet lors du symposium romain tenue sur la mission ecclésiale d'Adrienne von Speyr (1985): « Si on en juge par le retentissement de cette vision trinitaire dans la théologie de Hans Urs von Balthasar, on peut conclure qu’elle constitue sans doute le fruit le plus précieux de la mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr! ».
En cette eucharistie, rendons grâce à Dieu pour notre baptême!
Merci pour votre écoute!
Margo Gravel-Provencher, théologienne et paroissienne
En complément, l'extrait du semainier paroissial
* le livre est le 3e de la trilogie du pape Benoit XVI: L'enfance de Jésus